En écoute : un nouvel EP d'Iggy Pop, pour les fans de jazz et de zombies

En collaboration avec la violoniste bruxelloise Catherine Graindorge, le rockeur américain, qui s’est rapproché du jazz ces derniers temps, a sorti un EP intitulé « The Dictator » qui navigue dans une atmosphère cinématographique, à la croisée du post-rock, de l’ambient et du spoken-word.
  • Comme n’importe quel artiste de 75 ans ayant commencé la musique dans les années 60, la discographie d’Iggy Pop — certes parfaite avec les Stooges — est faite de disques sublimes comme d’objets totalement dispensables. Mais le nouvel EP sorti le 9 septembre en collaboration avec la violoniste bruxelloise Catherine Graindorge fait partie de ceux à garder dans un coin de votre oreille, ne serait-ce que pour entendre Iggy Pop s’aventurer sur un terrain disons, plus mystique.

    La musicienne belge, qui a déjà croisé au cours de sa carrière les routes de Nick Cave ou de John Parish, a contacté Iggy Pop après que ce dernier ait passé l’une de ses chansons à la radio, sur la BBC 6. Dans son message de remerciement, elle propose à l’ancien Stooges une éventuelle collaboration. La réponse d’Iggy est positive. La violoniste envoie alors ses compositions et monsieur Pop se charge, avec sa voix, de poser ses mots. En juillet 2022, les morceaux sont finalisés dans un studio à Anvers. Un clip est même tourné. 

    L’ambiance générale de cet EP de quatre titres est éthérée. Dans la même lignée des « Seven Psalms » de Nick Cave ou du « You Want It Darker » de Leonard Cohen, les morceaux de « The Dictator » prennent des formes hétérogènes, comme s’ils étaient composés d’éléments malléables capables de s’évaporer et de disparaître devant nos yeux. Aux portes du post-rock, de la musique concrète (Pierre Henry, La Monte Young, etc.) et de l’ambiant, cet EP onirique capture une certaine fragilité sous la voix de baryton d’Iggy Pop. Comme si, à tout moment, le monde pouvait basculer dans la terreur.

    Si le titre de l’EP fait tristement écho à l’actualité avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le premier morceau composé par le duo a été entamé deux mois avant le début du conflit. Fatalement, il prend une autre dimension aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, Iggy Pop gère plutôt bien son récent virage musical. Et ceux qui trouvent ça assommant pourront toujours écouter « Fun House » en lisant de vieux numéros de Rock & Folk

    L'EP « The Dictator » s'écoute juste ici.

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