2020 M04 28
En 2018, dans une interview, Le Motif confiait avoir envie de se « rapprocher du niveau d'un Damso ou d'un SCH ». Deux ans plus tard, ce serait mentir de prétendre qu'il est parvenu à égaler les deux rappeurs. Quoique, en tant que producteur, le Français a de sérieux arguments à faire valoir : Réseaux de Niska, Mobali de Siboy, Carton Rouge de Lorenzo, Jack Da de Booba (sa première prod’), Météore de SCH ou encore tout un tas de mélodies toplinées pour sa sœur, Shay.
Derrière le micro, en revanche, tout reste à prouver. Mais plutôt que de se retrancher derrière une certaine prudence, comme tout être humain qui affronte un nouveau défi, Olivier Lesnicki a décidé de jouer le coup à fond. Il y a d’abord eu Playlist, morceau co-composé aux côtés de Tristan Salvati (Claire Laffut, Angèle), publié en début d’année et accompagné d’un clip réalisé en plan-séquence (une technique plébiscitée à l’heure actuelle !). Il y a à présent son projet : Comment faire un hit en quarantaine, qui n’est pas sans rappeler le fameux Comment faire un tube, balancé par Damso en 2015, avec le succès que l’on connaît.
À 22 ans, cet ex-étudiant en marketing profite ainsi du confinement pour consolider sa réputation. Avec Next, nouveau single tout en sensibilité pop. Mais également avec un tutoriel où il explique ses astuces pour composer un tube. On y apprend à « pimper une voix », on comprend qu’il aime capturer une émotion dans l'instant, et on saisit l'importance de reformuler les sons du passé selon des velléités modernes.
Le Motif ne fait donc pas simplement partie d’une nouvelle génération de beatmakers (Heezy Lee, Junior Alaprod), il en incarne toutes les obsessions : ce côté touche-à-tout, cette aisance à façonner des morceaux de A à Z, toujours selon des mélodies riches en influences, et ce refus de céder à la paresse qui lui permet de défricher de nouvelles trouvailles mélodiques en permanence. Ainsi, bien malin celui qui pourrait tisser des liens entre À chaque jour... de Dosseh (qu'il a coproduit) et les inclinaisons synthétiques de Next, tant ils semblent appartenir à deux esthétiques différentes. Il est en revanche aisé de comprendre que l’on a affaire ici à un artiste obsédé par une idée : l’efficacité pop, le gimmick efficace, une forme d’évidence mélodique.