2022 M11 18
D'emblée, un conseil : comme tant d'autres rééditions (d'Orelsan à Juliette Armanet, la liste est longue ces derniers temps), rien ne sert de se jeter sur celle d'Angèle. On n'y découvre rien de foncièrement nouveau, les six morceaux additionnels réservant moins de réelles surprises que ceux pensés pour « Brol La suite », et deux d'entre eux sont même déjà connus (Évidemment et Démons, en version orchestrale, ce qui ne gâche pas le plaisir).
Se précipiter sur « Nonante-cinq La suite » revient ainsi à cette sensation que l'on ressent lorsqu'on se rend dans un parc d'attraction : c'est excitant et assez riche sur le plan émotionnel, jusqu'au moment où l'on se rend compte que l'on est en sécurité et que le plaisir ressenti est totalement maîtrisé. Promets-moi, Patrick ou Évidemment c'est exactement ça : des titres qui donnent envie de siffloter de joie dans la rue, mais qui manquent peut-être d'un peu de danger.
Entendons-nous bien : les six morceaux réunis ici ont toutes les chances de remporter l’adhésion. Les rythmes sont entraînants, les refrains entêtants et le chant d’Angèle finit inévitablement par séduire. Le problème, c’est que la Belge donne l’impression de rester en terrain connu, ce qui n’est ni rebutant, ni excitant. C’est juste que l’on aimerait ne pas la voir miser sur une formule, spéculer sur un son, quand bien même ses morceaux, en des gimmicks mélodiques accrocheurs, continuent d’offrir une certaine définition du mot « tube ».
Car, oui, Amour, haine & danger, Promets-moi (sorte de variation sur le même thème que Perdus) ou Le temps fera les choses pourraient tous trouver leur place sur n’importe quelle radio généraliste, prolongeant le succès d'un deuxième album déjà certifié double disque de platine.
À travers cette réédition, Angèle prouve surtout qu'elle a parfaitement compris les codes de l'industrie. Au-delà de ces six inédits, « Nonante-cinq La suite » est effectivement l'occasion de renforcer les liens avec son public via du merchandising toujours plus personnalisé. L'époque s'y prête : quand Orelsan propose des CDs à l'effigie de chacun de ses morceaux, Dinos ouvre carrément un pop-up store dans Paris.
Angèle, elle, propose un EP de 5 reprises des années 90, des CD dédicacés, un t-shirt exclusif Amour haine & danger, des invitations pour un showcase au Parc Astérix avec Spotify, une rencontre privée ou encore une version personnalisable de la réédition où il est possible d'intégrer son visage sur la pochette. Reste à savoir quelle expression vous prendrez à l'écoute de « Nonante-cinq La suite ».