2021 M12 3
"Le live insta d’Angele est toujours en en cours, elle vient d’annoncer la sortie du clip de "Démons" (feat Damso), demain à 12h. Et grosse surprise, pour son anniversaire, son album 95 sortira en digital à minuit !". C'est par ces quelques mots que nous avons été prévenu, comme d'autres, par le service presse, de la sortie anticipée du deuxième album d'Angèle. La décision surprise fait sourire, tant il est agréable de voir qu'on peut être arrivé très haut et encore se comporter comme une ado, dans le bon sens du terme, en envoyant tout bouler sur un coup de tête. L'acte, n'empêche, est réfléchi : en prenant de court tous les médias, la Bruxelloise redouble l'attention portée sur elle et s'offre une belle exposition pour son 26ième anniversaire. Qu'elle a passé seule, du reste, ayant été testée positive au Covid-19.
Seule, enfin... pas tout à fait. Jeudi soir, Angèle fêtait ses 26 ans dans un live Instagram d'une heure pour organiser une espèce de release party où les invités se nommaient Damso, Pomme ou encore Tristan Salvati, maitre d'oeuvre de son deuxième album. Outre une preview des nouveaux morceaux, la musicienne en a profité pour lâcher la grosse info avec la sortie immédiate de "Nonante-Cinq", désormais disponible sur toutes les plateformes avant la sortie physique (CD/vinyle) le 10 décembre.
S'il faudra plusieurs écoutes pour rentrer en profondeur dans un album a priori un peu moins immédiat que "Brol", à l'image de ce single Bruxelles je t'aime, d'abord un peu trop semblable aux tubes du premier album puis carrément obsédant dans son refrain, on peut déjà retenir quelques moments forts, à commencer par le featuring avec celui qui aura été le premier à lui avoir fait confiance, Damso. On le retrouve sur le titre Démons, et c'est clairement l'un des pics de ce disque, avec ses sonorités dures et ces toplines si typiques du rappeur belge (Exemples : "Je feat avec Angèle/Pas de gros mots, radio, faut qu’on passe/Au lieu d’un ‘nique ta…").
Au-delà de ce featuring, la grosse question : y'a-t-il des tubes ? Spoiler : oui. A commence par Libre, placé au début du tracklisting, avec son refrain terriblement efficace et qui, comme Bruxelles je t'aime, rentre dans le cerveau dès la deuxième écoute. Sans oublier Plus de sens, le vrai tube, dans la lignée de La loi de Murphy et Tout oublier, clairement taillé pour la radio; celle où Angèle ne croyait jamais passer (on vous renvoie aux paroles de Balance ton quoi). Et puis il y a les autres morceaux, qui parfois se renvoient la balle, comme le duo Solo - Taxi, où la Belge évoque d'une piste à l'autre sa rupture avec Marie Papillon, et comment une dispute stupide dans un taxi peut amener au célibat. Il y a également Tempête, qui évoque avec pudeur les relations toxiques et la violence conjugale.
Globalement, la production moderne est traversée de références aux années 90 (pardon, nonante), notamment dans l'utilisation de certaines sonorités électroniques (cf la New Beat) qui ont placé la Belgique (puis Stromae) sur la carte du cool. Le tout donne un album à la fois personnel (Angèle n'est jamais aussi bonne que lorsqu'elle parle d'elle, c'est comme ça) universel, contemporain et aussi vintage (puisque le format album, qui plus est, est en voie de disparition). Alors, cela valait-il le coup d'attendre trois ans pour écouter "Nonante-Cinq" ? Disons que la déception n'est pas au rendez-vous, et qu'en 2022 il faudra être prêt à beaucoup, beaucoup entendre plusieurs des titres à la radio.