Angèle peut-elle vraiment conquérir les États-Unis ?

Réussir aux USA, c’est pour certains artistes un rêve souvent inaccessible : barrière de la langue, culture différente, public peu enthousiaste... Mais pour la Belge qui vient de conclure une tournée nord-américaine avec un passage réussi à Coachella, l'Amérique est peut-être un nouveau terrain de jeu. Success story à la Stromae ou vraie blague belge ? Éléments de réponse ici.
  • Pour se faire connaître des Américains, souvent, il faut aller à leur rencontre, sur leurs terres. Il faut engloutir des kilomètres avec des heures à voyager à travers des routes sans fin, des concerts dans des (plus) petites salles, des interviews où on vous pose des questions déjà entendues des milliers de fois. En somme, quand un artiste étranger foule pour the first time le sol américain, c’est un peu comme s’il revenait au début de sa carrière, quand les médias et le public étaient alors dans la phase « découverte ». Ce fut en quelque sorte le cas pour Angèle avec sa récente tournée nord-américaine en avril et mai 2023, avec des passages à Montréal, à New York ou encore à Seattle. 

    Certes, en Belgique et en France, la jeune femme est devenue la popstar de référence, capable de réunir 70 000 personnes à la U Arena de Nanterre. Mais chez l’Oncle Sam, elle est encore loin d’avoir un statut de star. Et ça lui plaît :

    « En fait, c'est moins stressant qu'en France, expliquait à l’AFP la Belge avant son concert à Coachella. Quand je viens ici, je suis plus libre [...] d'être qui je suis, de chanter ce que je veux, de ne pas avoir à réfléchir à ce que je fais ou à si je vais subir des attaques sur Internet. »

    Au magazine Rolling Stone, elle dit : « Oui, en France, en Belgique, je fais de gros, gros shows. Je suis très célèbre et j'aime ça, mais c'est allé très vite. C'est cool d'être ici dans ces lieux à taille humaine ».

    Aux États-Unis, les concerts — dont certains sold-out à l’avance, signe qu’on l’attend là-bas — se sont déroulés dans des salles dont la capacité varie entre 1000 et 3000 personnes (soit la taille intérmédiaire entre un Élysée Montmartre et un Olympia). Pour Angèle, c’est petit. Mais pour une jeune artiste qui a encore tout à prouver aux États-Unis, c’est déjà beaucoup.

    Coachella a été le point culminant de la tournée. Son duo avec Dua Lipa, sur le titre Fever (2020), a permis à Angèle de toucher nouveau public anglophone et lui a ouvert quelques portes à l’international. Après ses deux passages au festival californien (les 14 et 21 avril), quelques médias américains mentionnent le show, comme le LA Times par exemple. Mais pas facile de tirer tous les regards vers soi quand d’autres artistes programmés au festival, comme Blink-182, Wet Leg ou encore Blackpink, font un carton plein. Le point positif ? De plus en plus d’artistes étrangers (Rosalia, Blackpink, Bad Bunny, etc) ont du succès aux USA, et ils n’ont plus besoin de chanter dans la langue de Shakespeare pour caracoler en tête des charts, comme Shakira ou Ricky Martin avant eux. Même si pour ces artistes-là, la question du chant en anglais peut tout de même finir par être posée sur la table.

    "Certaines personnes ne parlent pas du tout français et cherchent sur Google Traduction pour déchiffrer mes paroles."

    Pour Angèle, si la Belge accorde énormément d’importance aux paroles, elle ne ferme pas la porte à de futures chansons en anglais : « J'ai toujours chanté dans les deux langues, parce que j'ai appris à chanter avec des pop stars anglaises, et c'est comme ça que j'ai appris l'anglais. Avec les Beatles aussi. Quand j'ai commencé, j'écrivais même en anglais ! […] Ma voix s'intègre mieux en français parce que c'est ma langue. Mais j'aimerais essayer d'écrire en anglais, peut-être », répond-elle à Rolling Stone, sans réellement trancher. Peu importe pour le moment : ses fans aux USA ne sont pas que des Français ou des Belges expatriés : « Certaines personnes ne parlent pas du tout français et cherchent sur Google Traduction pour déchiffrer mes paroles, certaines ont des liens avec la francophonie, d'autres apprennent le français ou veulent l’apprendre », explique Angèle à Numero, en parlant du public de ses concerts nord-américains. 

    Angèle a aussi fait parler d’elle en dehors de la scène. Durant son road trip américain, la Belge était présente au Met Gala, l’un des événements mode les plus importants de l’année, aux côtés de Pénélope Cruz, Billie Eilish, Rihanna, Lily Rose Depp ou encore Margot Robbie. On le sait : pour plaire aux Américains, il faut aussi mettre un pied dans l’entertainment, et savoir répondre présent à ce type de soirées ou d’événements. Est-ce que c’est forcément ce qu’Angèle souhaite à tout prix ? Visiblement, non : « Je ne veux pas devenir une star ici (aux États-Unis), affirme la jeune femme de 27 ans à Rolling Stone. Je veux simplement faire de la musique, et si les gens me découvrent, tant mieux ». Les salles à taille humaine, une pression moins pesante et une certaine liberté : Angèle semble vouloir garder un succès relatif aux USA. Ce qui ne l’empêche pas de continuer à grappiller des fans à travers l’Europe. Fin mai, elle jouera à l’O2 Academy Brixton de Londres puis à Amsterdam. 

    Un autre artiste belge avait foulé les terres américaines avant Angèle : Stromae. En 2015, il était à Coachella. Kanye West avait même débarqué sur scène pour le rejoindre. La même année, l’auteur de Alors on Danse était sur la scène du Madison Square Garden de New York, comme Charles Aznavour par exemple avant lui. Angèle souhaite-t-elle emprunter la même trajectoire ? Pour l’instant à New York, elle s’est produit trois fois au Terminal 5, une salle avec une capacité de 3000 places. Avant la salle mythique du Madison Square Garden ? La Belge y était déjà pour interpréter Fever avec Dua Lipa en mars 2022. Et peut-être qu’un jour, ça sera au tour de l’Anglaise de lui rendre la pareille. 

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