Le retour des rockeurs de Shame peut-il nous faire oublier cette année pourrie ?

Spoiler : à priori, non. Mais avec l’annonce de leur deuxième album « Drunk Tank Pink » prévu pour le 15 janvier prochain, les Anglais vont ressortir les guitares et les mélodies tranchantes pour mieux cisailler 2021.
  • Avec Idles ou encore The Murder Capital, Shame secoue l’Angleterre et, par ricochet, le reste du monde. Certains diront qu’ils ont tout piqué à Mark E Smith, célèbre leader de The Fall (qui a lui aussi tout piqué au groupe allemand Can, etc, etc). Mais cette nouvelle vague de groupes aux guitares angulaires faisant jaillir un post-punk décomplexé des guitares a trouvé son public au sein de sociétés toujours plus diviséees où certaines formes de musiques plus radicales trouvent écho.

    Pour Shame, avec « Song of Praise », tout le monde a été pris par surprise. Une bonne surprise. Les tournées se sont enchaînées et très vite, la hype s’est propagée. Mais après avoir fait des émules un peu partout durant deux ans (Do Nothing, Hotel Lux, PVA, ...), les Londoniens ont annoncé le difficile deuxième album : il s’appelle « Drunk Tank Pink » et sortira le 15 janvier sur le label Dead Ocean. 

    Deux morceaux sont d’ores et déjà sortis de terre, pour montrer que Shame n’a rien perdu de ce qui a fait son succès : des morceaux aux mélodies tordues voire dissonantes qui donnent envie de pogoter, un chanteur énervé qui braille et une batterie massive et dense pour couvrir le tout. En écoutant les nouveaux Water in the Well et Alphabet, on se rend compte que la recette n’a pas changé. La frénésie, l’envie de tout casser et les cris du cœur sont là, au rendez-vous, pour faire saigner les oreilles.

    Si à la première écoute on a l'impression que les nouveaux titres ne sont pas très éloignés des premières compositions du groupe, Charlie Steen et sa bande ont passé un cap. Déjà, l'influence des Talking Heads est partout sur Water In The Well. Les conventions rock mises à la poubelle, Shame a le champ libre pour laisser place à son imagination, pour expérimenter, jouer avec les accordages et les sonorités pour en créer de nouvelles (on ressent la même vision chez Fontaines D.C. qui a sorti un deuxième album plus mélancolique et noir que le premier, avec cette envie de se renouveler). Shame peut-il tout défoncer avec ce deuxième album ? Pour l'instant, ils font un bon départ, mais la course est encore longue, et c’est donc encore un peu tôt pour le dire. Mais vu que « Ultra Mono » d’Idles peine à convaincre, il y a une brèche qui s’ouvre. Et Shame n'a pas intérêt à la laisser se refermer sur eux.