Il y a 20 ans, Queens Of The Stone Age ressuscitait le rock avec "Songs For The Deaf"

Sorti en septembre 2002 en France, le disque des Reines de l’Âge de Pierre a débarqué dans une période où le rock redevenait à la mode. Dave Grohl à la batterie, album concept et heavy metal : voici les coulisses d’un album entré dans les foyers en défonçant la porte d’entrée.
  • Est-ce qu’il y a un avant et un après « Songs For The Deaf » pour Queens of The Stone Age, comme les White Stripes avec « Eléphant » ? La réponse est évidente : c’est oui. Mais faisons un rapide point. Avant ce disque, QOTSA a déjà sorti deux albums. On parle de « stoner rock ». Josh Homme préfère parler de « desert rock » ou de « robot rock » en référence aux rythmes motorik et à l’influence heavy metal. C’est un détail, mais ça a son importance.

    Tout comme le désert, le point de départ et d’arrivée de cet album concept qui retranscrit et capture une traversée allant de Los Angeles à Palm Desert en Californie à travers cette terre aride et sèche où le soleil de plomb cogne aussi fort que Dave Grohl — d’où les interludes radio sur l’album, les bruits de voiture sur la première chanson, etc. Bref, sur « Songs For The Deaf », QOTSA est décidé à lâcher les chevaux. Et ça tombe vraiment bien puisque le monde entier est de nouveaux prêt à réécouter du gros rock qui tâche. 

    Pour Josh, l’idée est la suivante : placer l’auditeur dans une vieille bagnole et lui offrir une virée musicale unique en son genre. Chaque titre sur « Songs For The Deaf » présente une facette différente de QOTSA. First it Giveth dépeint un climat anxieux et donne à Dave Grohl, qui a rejoint le groupe pour ce disque, une plateforme pour déballer son jeu. Six Shooter oscille entre le punk et le heavy metal débile. Go With The Flow et No One Knows sont les deux tubes radio. Gonna Leave You est plus soft et « nirvanesque »… Pour la faire courte, c’est comme ça pendant 60 minutes. Mark Lanegan, qui était déjà présent sur « Rated X » deux ans plus tôt — Josh Homme a été un guitariste pour les Screaming Trees avant de former QOTSA —, est de nouveaux aux affaires sur trois titres.

    Et l’équilibre trouvé entre la puissance, la cohérence et les influences (c’est un disque qui emprunte beaucoup au heavy metal mais aussi au punk, au rock garage, au classic rock et à la pop baroque) est simplement parfait. « Il y a beaucoup de gens qui aiment la musique heavy mais qui ne veulent pas écouter des groupes comme Creed ou du nu-metal. Je pense que nous pouvons offrir quelque chose d'un peu plus ésotérique » avait déclaré Homme. En gros, QOTSA compte digérer ses influences, sans les renier, mais tout en essayant d’embarquer dans leur road-trip étouffant le plus de personnes possibles. La mission a été réussie. Et avec trois chanteurs différents (Homme, Lanegan et Oliveri), la formation pouvait se permettre de prendre des routes séparées sur le chemin vers Joshua Tree.

    Si l'on peut parler d’un nouveau départ avec ce disque, étrangement, « Songs For The Deaf » marque aussi la fin d’une époque. La fin d’un périple entamé avec «  Queens Of The Stone Age  » en 1998 qui se termine en apothéose à 210 km/h sur une route limitée à 90. Dave Grohl retourne voir les Foo Fighters, Mark Lanegan prend ses distances et Josh Homme décide de virer le bassiste Nick Oliveri, pilier du groupe. Les Reines de l’Âge de Pierre viennent de pondre un album maîtrisé sur le bout des doigts, avec des variations soniques, des morceaux sur piles électriques et une cohésion inégalée. Oui, on peut parler de chef d’œuvre. Avec « Elephant » et « Is This It », il se place sur le podium des albums du début des années 2000. Ceux qui ont remis le rock sur le droit chemin. 

    Pour écouter ce disque, c'est juste là.