2022 M12 8
Pour comprendre la musique de John Frusciante, il faut remonter très loin. Au moins jusqu’à 1997, année où le guitariste américain, loin des Red Hot, sort l’album « Smile from the Streets You Hold », un disque « de drogué » complètement expérimental enregistré en pleine dépression avec un tas d’héroïne dans le bras. L’album permet de comprendre une chose : en solo, John n’est pas un artiste pop. Ni le genre d’artiste qui pense ses chansons pour la radio ou pour les pépettes. Et depuis « Niandra LaDes and Usually Just a T-Shirt » sorti en 1994 jusqu’à « Maya » en 2021, sa discographie solo est le témoignage d’un homme qui fait de la musique par besoin, par nécessité et pour la beauté de l’art. Pour la beauté du geste.
C’est dans cette même optique qu’il a créé ses prochains albums intitulés « I » et « II » — que vous pouvez prononcer « one » et « two » si l’envie vous prend. Les deux disques, qui sortiront le 2 février sur le label Avenue 66, seront en réalité le même disque. Il s'agira de deux versions différentes du même album. Mais avec un twist : le premier sera un vinyle et le deuxième un CD. La version vinyle sera plus courte que la version CD car certaines chansons possèdent des sonorités qui « ne pourront pas être pressées sur un vinyle », d’après John. Intriguant.
Red Hot Chili Peppers guitarist John Frusciante prepares two albums of Eno-influenced, Elektron-powered ambient synth electronica: "I had done enough with chords, rhythms, notes, defined sections, sharp transitions, etc" https://t.co/XEn4yrKcab pic.twitter.com/BOsUtHVx9X
— MusicRadar (@MusicRadar) December 7, 2022
Les nouvelles compositions du guitariste ont autant été inspirées par Bowie, Lennon, Iggy Pop, Brian Eno et Hendrix que par des artistes plus confidentiels comme l’Australien Oren Ambarchi, Klara Lewis ou le Japonais minimaliste Ryoji Ikeda.
« Après un an et demi à écrire et enregistrer de la musique rock, j'avais besoin de me vider la tête. Lorsque la phase d'enregistrement du groupe s'est achevée, j'ai eu besoin de revenir à ma langue d'adoption. J'en avais assez des accords, des rythmes, des notes, des sections définies, des transitions nettes, etc. Ce dont j'avais besoin, c'était de créer de la musique à partir de rien d'autre que du son ».
Si vous voulez un disque avec des chansons types couplet-refrain, passez votre chemin. Par contre si vous adorez l'ambient, l'electronica et les musiques minimalistes, alors ouvez grand les oreilles. John poursuit :
« La musique comme sculpture solitaire dans l'espace sonore a été ma principale source d’inspiration. Je regardais des photos de sculptures et j'essayais de faire de la musique qui traduisait simultanément le mouvement et l’immobilité ».
Vous n’avez rien compris ? Dites-vous que ça ne doit pas être facile de synthétiser ce qui se passe dans sa tête. Et si les deux albums ont été annoncés, aucun morceau n’a encore été dévoilé par l’artiste.
Entre deux albums des Red Hot, John a donc eu le temps de s’occuper de sa carrière solo. Et c’est sûrement pour lui un sas de décompression nécessaire pour assurer la guitare devant des milliers de personnes et pour (re)faire partie de l’un des groupes rock les plus populaires sur terre. Et bizarrement, ça se comprend.
Les albums « I » et « II » sortiront le 3 févier 2023. Plus d'infos par ici.