Avec "Entering Heaven Alive", Jack White sort l'album le plus apaisé de sa carrière

A 47 ans, l'homme connu pour son duo rouge et blanc revient avec un cinquième album solo, et le deuxième de l'année après "Fear of the dawn". Au regard de la carrière de Jack White et des attentes, un double exploit que "Entering Heaven Alive" ne gâche en rien. Et qui prouve que même en baissant le volume des amplis, Jack White parvient encore à titiller la corde sensible.
  • Presque 20 ans après la sortie du carton mondial "Elephant" (avec le tube mondial qu'on connaît tous), Jack White revient. Difficile, pourtant, de croire qu'il fut un jour parti. Depuis 2 décennies, d'abord avec les White Stripes et depuis dix ans avec son label vintage Third Man et ses albums en solo, l'Américain poursuit une quête somme toute très personnelle consistant à réhabiliter une certaine conception de la musique artisanale, mais aussi à s'éloigner du succès traumatisant que fut Seven Nation Army.

    Le moins qu'on puisse dire à l'écoute de "Entering Heaven Alive", c'est que le pari est réussi. Des tubes capables d'être gueulés dans les stades ou vendus dans des publicités pour du parfum mondialisé ? Il n'y en a pas. Des vrais bons moments par contre, plein. De son aveu, ce cinquième disque solo est "le plus doux jamais écrit", et la seule angoisse du guitariste était qu'il reste coincé au fond d'un placard. Cette inquiétude explique peut-être la date de sortie de l'album americana-folk en plein mois de juillet, soit un triangle des Bermudes promotionnel, avec personne en face, et personne tout court. 

    La qualité des compositions éclipse à elle seule tous les doutes. Il faut écouter le sublime A Tree on Fire from Within, à mi-chemin entre les essais piano sur le "Get Behind Me Satan" des Stripes et une chanson solo de McCartney avec cette partie de basse démentielle, pour comprendre que White peut désormais taper dans tous les registres sans se soucier des critiques. Conséquence de quoi, "Entering Heaven Alive" est avant tout un disque de ballades, dénué de grosses guitares fuzz, mais qui refuse la nostalgie dans laquelle White s'est parfois, par le passé, trop vautré. 

    Et alors que l'idée même de sortir un album de 11 titres devient progressivement un "truc de boomer", White, même pas encore 50 ans, continue d'explorer des chemins inattendus. A croire, presque, qu'on préfèrera désormais ce sentier acoustique et ultra arrangé au rock brouillon et un peu primaire avec du larsen qui éclabousse partout. Et "Entering Heaven Alive" de sonner comme une thérapie personnelle permettant à l'auteur de lutter, en avance, contre la crise de la cinquantaine qui touche depuis plus d'un demi-siècle tous les rockeurs flippés que des gamins plus sauvages ne prennent leur place.

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