Il y a 30 ans, Oasis signait chez Creation Records (et partait à la conquête du monde)

Oasis et les frères Gallagher font désormais tellement partie de la culture rock britannique qu’il est difficile d’imaginer un moment où ce groupe n’était pas encore entré dans l’inconscient collectif.
 

Mais le 31 mai 1993, il y a donc 30 ans, le groupe — composé de Liam, Noel, Paul Arthus, Paul McGuigan et Tony McCarroll — décide de louer un van pour se rendre à Glasgow. Ils n’ont aucune raison d’y aller, car ce soir-là, ils ne sont pas programmés pour jouer. Un autre groupe avec qui il répète, Sister Lovers, a un concert de prévu au King Tut’s Wah Wah Hut, une petite salle de la ville écossaise. Oasis a donc une idée : les gars vont venir avec quelques potes et tenter de convaincre le promoteur de les laisser jouer. Sauf que deux autres formations doivent monter sur scène ce soir-là : 18 Wheeler et Boyfriend. En gros, il n’y a pas de place pour Oasis.

Arrivés à Glasgow, les Mancuniens menacent de tout casser s’ils ne jouent pas dans quelques heures. Alan McGee, le boss de Creation Records, est sur place. Il parvient à convaincre tout le monde de se calmer et Oasis pourra passer en premier pour quatre morceaux. 

Mais qu’est-ce qu’Alan McGee fait un lundi soir dans cette salle ? On pourrait croire qu’en tant de patron de label, il est là pour scruter les nouveaux groupes prometteurs. Mais non. Alan McGee connaît bien Debbie Turner, qui est membre de Sister Lovers. S’il est là ce soir, c’est pour la « faire chier » (sic). C’est d’ailleurs lui qui parvient à éviter la bagarre générale pour qu’Oasis monte sur scène car le set de Sister Lovers sera divisé en deux afin que les frères Gallagher puissent avoir un peu de temps. Et s’il est là tôt, c’est parce qu’il est accompagné de sa sœur, Susan. « Elle n’avait pas de montre et donc je ne me suis pas rendu compte, mais on était sur place deux heures avant le premier concert. D’ordinaire, j’arrive cinq minutes avant que ça ne commence. Si j’avais été seul, je n’aurais pas vu Oasis jouer », a déclaré plus tard le boss du label.

Bref, il doit être autour de 19 heures et les Mancuniens branchent enfin les guitares. Ils commencent par ce qui va devenir un classique : Rock 'N' Roll Star. La suite ? Bring It On Down — qu’Alan McGee a adoré, un titre qu’il considère comme très punk —, Up In The Sky et enfin la fameuse reprise des Beatles, I Am The Walrus. 

Au-delà du fait qu’Alan a un gros crush sur Liam Gallagher — un mec qui ressemble à Paul Weller avec des fringues Adidas, il a adoré le mini-concert. McGee tente alors de savoir qui est le manager du groupe. On lui répond qu’ils n’en ont pas. Alors le patron part en loge pour discuter directement avec Noel. Il se présente et dit : « vous voulez un deal avec Creation Records ? » Le groupe ne s’y attendait pas, et pense sûrement qu’il s’agit d’une fausse promesse d’un rouquin sous ecstasy. Mais cinq jours plus tard, les Mancuniens reçoivent par la poste des billets de train pour Londres. Ils ont un rendez-vous dans les locaux du label pour officialiser cette union. Au mur, les affiches de Primal Scream, de Teenage Fanclub ou encore des Jesus and Mary Chain permettent de voir le chemin déjà accompli par Creation Records. Mais aucun groupe n’aura le succès qu’allait avoir Oasis. 

Dès décembre 1993, la démo du titre Columbia passe sur la Radio 1 en Grande-Bretagne. En janvier 1994, les sessions pour enregistrer le premier album débutent. L’ingénieur du son, Dave Batchelor, ne comprend rien à l’esprit du groupe et n’arrive pas à capter l’énergie d’Oasis — ils enregistrent dans des cabines séparées, les solos sont captés sur multipistes, etc. Ça ne plaît pas au groupe qui reprend tout à zéro avec un autre ingé son : Mark Coyle. Mais là encore, ça ne le fait pas. Un dernier coup de poker est tenté avec Owen Morris, un mec qui avait bossé avec Johnny Marr. Et là, c’est banco. Il suffit de comparer les démos pour réaliser à quel point le travail de Morris a été primordial au son du groupe. Liam a 22 ans, Noel 27 ans. « Definitely Maybe » est prêt à sortir. Et le reste de l’histoire, vous la connaissez déjà.