Il y a 10 ans, Mac DeMarco sortait son premier album et inventait l’indie cool

"Rock and Roll Night Club", sorti le 13 mars 2012 sur Captured Tracks, a fait l’effet d’une petite bombe dans le milieu de l’indie rock et de la pop lo-fi.
  • Quand Mac DeMarco a débarqué, avec ses guitares bricolées et son look débraillé, tout le monde l’a pris pour un petit rigolo. Lui-même le disait : « il ne faut pas me prendre au sérieux ». Mais quand le Canadien a sorti « Rock and Roll Night Club » en 2012, à mi-chemin entre une collection d’EPs et un mini album débraillé, il a en quelque sorte mis tout le monde d’accord. Et même s’il ne le voulait pas, on a commencé à le prendre au sérieux. 

    Avant ce premier disque sous l’alias Mac DeMarco, le jeune homme inspiré par Steely Dan, Jonathan Richman et Deerhunter a commencé à jouer dans des groupes avec ses potes vers l’âge de 15 piges. Il s’achète une guitare à 30 dollars canadiens avec laquelle il continuera de jouer des années plus tard.
    À peine majeur, il commence à s’enregistrer seul à la maison avec des équipements low cost. Il prend alors le nom de Makeout Videotape et sort trois disques entre 2009 et 2010. Déjà, sa musique oscille entre le soft-rock et la jangle pop distordue. Ça porte un nom : la bedroom pop. Et Mac DeMarco va devenir l’un des princes de cette discipline. La première pierre posée à cet édifice s’intitule donc « Rock and Roll Night Club » : « J’avais envie de faire des chansons rêveuses à propos d’amour, ce genre de chose, mais qui n’ont pas forcément de sens profond », raconte le Canadien dans cette interview de 2012. En gros, Mac n'est pas là pour se prendre trop la tête.

    Les chansons rêveuses dont il parle s’intitulent Baby’s Wearing Blue Jeans, She’s Really All I Need, Me and Jon Hanging On ou encore Rock and Roll Night Club. Elles sonnent comme si sa guitare n’était pas accordée. Il les chante avec une voix sortie d’un dessin animé, maladroitement, en prenant une tonalité qui n’est pas vraiment la sienne. « J’avais un peu l’impression de faire un album concept, mais rien de bien nouveau, hein », confie Mac dans cette interview avec Le Drone.

    Ses morceaux laid-back, composés avec une guitare, une basse qu’on entend à peine et quelques percussions par-ci par-là, parviennent quand même à créer une ambiance, comme si Mac jouait sur ton canapé un dimanche aprem après un barbecue. C’est ce côté amateur, musicien bricoleur du dimanche et déphasé du vieux rock à papa qui va faire mouche.

    « Rock and Roll Night Club » est en réalité un assez mauvais disque pour éviter que papa Mac ne devienne mainstream du jour au lendemain, et un assez bon disque pour créer un mini-buzz. Assez vite, il incarne le mec cool, détendu du slibard, qui fume des clopes avec ses fans autour d’une IPA. Sur scène, il fait des blagues, se fout parfois à poil, fait le con (parmi ses faits d’armes, il a notamment mis une baguette de batterie dans son anus à la fin d’un concert en étant très alcoolisé). C’est toujours du rock, mais on est loin des vestes en cuir : Mac porte des chemises en jean XXL, il a souvent une casquette visée sur sa tête et il sourit plus souvent en un seul concert que Lou Reed durant toute sa vie. 

    La même année, en octobre 2012, le Canadien sort « 2 », son deuxième album avec des tubes en puissance (Cooking Up Something Good, Ode to Viceroy, Annie). Un disque qui va accentuer la hype et faire de Mac DeMarco l’une des figures de sa génération (des années 2010 en tout cas). Il suffit d’aller écouter certains artistes qui ont suivi, comme Boy Pablo, King Krule ou Alex G, pour s’apercevoir que Mac a été un modèle à suivre. 

    Crédit photo : @Captured Tracks

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