25 ans après, le super culte "Pansoul" de Zdar et De Crécy réédité par Ed Banger

Grâce au label de Pedro Winter, l'unique album du duo formé par Étienne de Crécy et Philippe Zdar est aujourd’hui remastérisé en vinyle et disponible pour la première fois en streaming. L’occasion de redécouvrir l’un des monuments sonores des musiques électroniques françaises.
  • On est en 1996. Philippe Zdar (qui opérait déjà au sein de La Funk Mob) et Étienne de Crécy ont découvert la folie des raves quatre ans plus tôt et comptent bien profiter de l'explosion French Touch pour en devenir l'un des étendards. À l’époque, les musiques électroniques sont encore prises de haut (lire pour cela les premières chroniques consacrées à Daft Punk), mais la situation évolue peu à peu.

    Des labels indés viennent enfoncer les portes (F Communications, Versatile, Yellow Productions), des graphistes et vidéastes offrent une identité visuelle à cette musique que l’on joue parfois sans montrer son visage, tandis que Zdar et de Crécy viennent rappeler une chose essentielle : oui, tout le monde ou presque peut jouer de la techno, les machines sont de plus en plus accessibles financièrement, mais il est vraiment difficile de s'y prendre exactement comme il faut - si tant est qu'il y ait une méthode juste.

    À l'écoute de « Pansoul », c'est un nouveau monde qui se déploie : on y découvre une certaine exigence dans la production, favorisée par des sessions effectuées au sein de gros studios parisiens, et non à la maison comme c'était encore souvent le cas à l'époque ; un amour presque immodéré pour le funk crade et la Great Black Music (le logo et la pochette en attestent) ; des versions futuristes de genres musicaux bien identifiés (la soul, le hip-hop et le dub, par exemple) et jamais envisagés ainsi, avec l’envie de tout noyer à travers des dizaines de filtres pour en recracher des morceaux voués à favoriser les instants fédérateurs sur la piste de danse.

    « C’est simple, expliquait Etienne de Crécy dans une interview à Trax, Motorbass, c’était de la techno mixée par des mecs qui faisaient du hip-hop ».

    Dès sa sortie, « Pansoul » crée donc l'euphorie. L'album est épuisé rapidement, devient un objet culte et fait saliver tous types d'auditeurs : ceux qui espèrent des morceaux suffisamment extatiques pour accompagner leur débauche une fois en club, ceux qui sont fascinés par les samples (notamment ceux de Neptune, dont les voix sont extraites d'un morceau de Sun Ra), ceux qui aiment les bidouillages et les expérimentations, ceux qui écoutent les morceaux de Terrence Parker ou Kenny Hope, ceux qui goûtent la débrouillardise de deux artistes qui profitent alors des séances en studio avec MC Solaar pour piquer des samples et enregistrer leurs maxis, ou encore ceux qui savent pertinemment que derrière l’énergie sauvage de Flying Fingers ou Wan Dence se cache en réalité une science du groove imparable.

    Aujourd'hui, « Pansoul », que l'on peut aisément classer aux côtés d'autres classiques de la French Touch (« Homework » des Daft Punk, « Moon Safari » de Air, « 1999 » de Cassius, « Super Discount » d'Étienne de Crécy), est donc réédité par une autre institution des musiques électroniques françaises : Ed Banger, qui profite de l'occasion pour mettre à disposition l'album sur les plateformes de streaming. Tout un symbole, dont on se délecte en se disant que « Pansoul » sonne toujours aussi pertinent en 2021.