2022 M09 20
À ceux qui pensent que le rap français manque actuellement de richesse, un seul conseil : l'écoute attentive de la discographie de Josman. Chez lui, tout est codé, référencé, méticuleusement pensé. Dans la continuité de son premier album (« J.O.$ »), le Parisien a ainsi nommé son troisième long-format « M.A.N », se réconciliant avec son public, peut-être moins réceptif aux expérimentations d'un deuxième disque pourtant fort justement intitulé « SPLIT ».
Pour symboliser ce qui s'apparente à un retour aux sources, sans pour autant singer ses principaux tubes (J'aime bien, XS), Josman a souhaité ouvrir « M.A.N » avec Intro, une complainte dépourvue de refrain où transpirent toute la noirceur, la profondeur et la sensibilité d'un rappeur qui exhibe force et fêlures avec la même grâce : « Trop peu me comprennent, maman, trop de peine, maman, mon cœur saigne, maman/ Je sais qu'j'peux pas fuir maintenant, dans les pires momеnts, j'prie le firmament ».
Déjà certifié single d'or, Intro est aujourd'hui doté d'un clip, une nouvelle fois réalisé par le fidèle Marius Gonzalez, toujours aussi à l’aise lorsqu’il s’agit de faire preuve d'inventivité sur le plan visuel. On comprend alors à quel point Josman est un styliste du verbe, un artiste qui parvient à toucher en plein cœur sans pour autant entrer dans les détails de son intimité.
On comprend aussi que le rappeur assume à présent ses influences rock (qui n'a pas pensé à Eminem au moment où la voix de Josman s'emballe ?) : celles que l'on retrouve en live, terrain de jeu idéal pour cet artiste voué à exciter les foules. Dernièrement, on l'a même vu s'étonner sur Twitter du pogo entamé par des fans sur le pourtant sensuel J'aime bien... Aussi paradoxale soit cette attitude, elle en dit long sur l'euphorie qui s'annonce le 24 février 2024 : date de son premier Accor Arena.