Il y a 10 ans, Stromae devenait le roi de la pop avec "Papaoutai"

Le tube de l’artiste belge, publié le 13 mai 2013, a fait danser la terre entière en parlant de l’absence d’un père décédé dans le génocide rwandais en 1994.
  • Cette histoire a fatalement marqué le petit Paul Van Haver, encore enfant. La famille est en Belgique mais son père, Pierre Rutare, rentre au Rwanda, à Kigali. Quand il a 9 ans, le papa meurt durant le génocide des Tutsi. Mais ce n’est que trois ans plus tard, quand Paul a 12 ans, qu’il apprend la nouvelle. L’absence de cette figure paternelle est le thème central de Papaoutai ( « papa où t’es ? »), le premier single de l’album « Racine Carrée » de Stromae sorti en 2013. Le futur tube débarque un 13 mai et reprend les codes qui ont façonné la musique du Belge : une rythmique dansante et électro avec des textes sombres, introspectifs voire carrément autobiographiques.

    « Racine Carrée », c’est le disque qui va entraîner le chanteur dans une spirale infernale et l’obliger à prendre une grande pause pour prendre soin de sa santé, physique et mentale. Paul fait un burn-out, et les effets secondaires d’un traitement antipaludique pris pour une tournée africaine n’aident pas à aller mieux. Le diagnostic : une décompensation psychique, accompagnée de pensées suicidaires, de paranoïa et d’hallucinations. 

    Mais avant de devoir quitter la scène durant plusieurs années, en 2013, Stromae surfe sur le succès planétaire et immédiat d’Alors on Danse. Il est en pleine bourre et « Racine Carrée » doit confirmer tout le bien qu’on pense de lui. Il a la pression certes, mais le disque devient l’un des plus vendus en France, l’un des plus écoutés sur les plateformes de streaming et l’un des meilleurs de l’année. Le clip de Formidable prend de court et Papaoutai passe en boucle sur les ondes. Une chanson qui parle donc de son père, un architecte rwandais venu en Belgique pour ses études, et qui n’a jamais reconnu Paul ni ses frères quand il est reparti. La chanson aborde principalement l’absence paternelle, et la souffrance liée à celle-ci pour un enfant.

    Le clip, avec ce père en poupée de cire, renvoie à cette idée d’un papa qui est « en même temps présent et en même temps absent », comme l’explique Stromae à Konbini. Un clip qui comme les paroles, n’a rien de larmoyant ou de foncièrement triste — on est loin du Mon Vieux de Daniel Guichard — avec des costumes colorés et des chorégraphies modernes. 

    Mais pour Stromae, il fallait que cette douleur devienne une force : « le fait de ne pas avoir de référent paternel n’aide pas à faire des choix. Il faut que je dépasse ces dichotomies permanentes un peu schizophréniques, que je les accepte pour en faire une force », confiait le Belge dans une interview avec Jeune Afrique. Sur YouTube, Papaoutai s’approche du milliard de vues et 10 ans après, ce morceau tourne toujours en boucle dans nos têtes, comme si on pouvait difficilement s’en séparer. Et comme si avec cette chanson, Stromae avait partagé ses peines pour être moins seul à les porter. Cela n'aura hélas pas suffi pour lui permettre d'entrevoir le futur sereinement.

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