Ces albums sortis en 2001 que l'on ne réécoutera pas en 2021

Il y a 20 ans, il n'y en avait pas que pour « Discovery » des Daft Punk ou « Is This It » des Strokes. 2001 est aussi une année plombée par des disques bancals, mal-aimés ou tout simplement ratés. En voici déjà dix.
  • Michael Jackson - « Invicible »

    « Vous pouvez toujours essayer de m'arrêter, je suis incassable ! », prévient Bambi en ouverture de Unbreakable. C'est gentil de le préciser, mais ça aurait été tout aussi bien de conserver cette rage tout au long de l'album. À l'inverse, « Invicible » s'entend comme un album ronflant. Pire, comme une concession faite au temps, avec sa production signée Teddy Riley et Rodney Jerkins (Whitney Houston, Jennifer Lopez, Spice Girls), sa chanson signée R. Kelly, son hommage à Lady Di et son solo de guitare confié à Carlos Santana, revenu en force deux ans plus tôt avec le single Maria Maria.

    Leonard Cohen - « Ten New Songs »

    En 2001, cela fait neuf ans que Leonard Cohen n'a rien publié. À l’époque, le Canadien s’intéressait au « Future », mais il semble que son retrait de plusieurs années dans un monastère zen, dans les environs de Los Angeles, ait complétement chamboulé ses ambitions. Là, ces « dix nouvelles chansons » sont certes entièrement pensées à l'aide de synthétiseurs et de boîtes à rythmes (une première !), mais elles sont surtout plus apaisées, moins torturées que par le passé. Et c’est là que l’on se dit que certains artistes ont peut-être besoin d’être en souffrance pour donner le meilleur d’eux-mêmes.

    Doc Gynéco - « Quality Street »

    Oubliez la modernité du son de « Première consultation ». Oubliez l'ambition complétement folle de « Liaisons dangereuses ». Ici, Doc Gynéco tourne définitivement le dos à ses années au sein du Secteur Ä, sans doute même à son passé de rappeur, et ça donne un album en demi-teinte. Il y a bien quelques curiosités (la présence de RZA sur Cousins ou de Laurent Voulzy aux chœurs sur Noirs et blancs), mais une production surchargée et l’absence de mélodies fortes se fait sentir, ce qui empêche de mettre en valeur ce que le Doc fait pourtant le mieux : raconter les travers de l'homme avec une certaine tendresse. « La vérité s’appelle “Première consultation” » : même lui semble en avoir conscience.

    New Order - « Get Ready »

    Huit ans après « Republic », New Order a quitté son célèbre label, Factory Records, et revient avec un album relativement rock dans son intention. Si l'on ne peut que saluer la prise de risque, on peut tout aussi bien en constater son échec : car, si la basse de Peter Hook fait toujours tressauter, si le quelques inclinaisons techno et les clins d'œil à Primal Scream séduisent illico, la majorité des dix morceaux réunis sur « Get Ready » laissent davantage sceptique. Surtout au sein d’une année où l’indie-rock rime plus que jamais avec The Strokes.

    Air - « 10 000 HZ Legend »

    Dans les faits, « 10 000 HZ Legend » est relativement un bon disque : classique dans sa construction et dans son orchestration, sans grande surprise mais rondement mené, avec quelques moments de grâce (How Does It Make You Feel?) et au moins un invité de prestige (Beck). Les deux Versaillais ont « fait le boulot », comme disent les commentateurs sportifs. Seulement, n’attendait-on pas davantage de la part d’un duo habitué jusqu’alors à flirter avec l’excellence, que ce soit en solo (« Moon Safari ») ou pour les besoins du cinéma (« Virgin Suicide ») ? La question est posée, on vous laisse débattre.

    Pink - « M!ssundaztood »

    Depuis qu'Eminem a rencontré le succès en ne masquant rien de ses déboires familiaux, il semble que les labels soient prêts à encourager une nouvelle génération d'artistes à « tuer le père » dans des morceaux aptes à être décortiquer par des psychologues. « M!ssundaztood », ce n'est finalement que ça : Pink y aborde ses problèmes d'addiction, tacle à la gorge l'industrie musicale, refuse d'être liée aux succès de Britney Spears ou Christina Aguilera et se lance dans des portraits de famille (Family Portrait) peu reluisants, entre un divorce et ce sentiment d'abandon qui en découle souvent chez l'enfant.

    Mais ce deuxième disque, écoulé à 12 millions d'exemplaires, est aussi une succession de pop-songs à la production criarde, sans doute trop marquées par le début des années 2000 pour provoquer autre chose qu'un sentiment nostalgique aujourd'hui.

    Paul McCartney - « Driving Rain »

    Pour la pochette de ce 19ème album, marqué par la disparition de sa femme et enregistré entre février et juin 2001, Macca a souhaité utiliser une image réalisée à l'aide d'une montre équipée d'un appareil photo. Le résultat, extrêmement pixellisé, symbolise assez bien ce qu'est au fond « Driving Rain » : un disque où l'on ne perçoit rien du savoir-faire mélodique de l'Anglais, qui semble hésiter ici entre des intentions clairement pop (From A Lover To A Friend), des tentatives blues (Back In The Sunshine Again, coécrit avec son fils James) et des expérimentations progressives (Rinse The Raindrops).

    Shakira - « Laundry Service »

    Sur le papier, les faits sont indéniables : le cinquième album de la Colombienne (le premier contenant des chansons en anglais) s'est écoulé à plus de 20 millions d'exemplaires, et compte en son sein des tubes générationnels, qui ramènent illico à une époque. Whenever, Wherever, bien sûr, mais aussi Underneath Your Clothes et Objection (Tango). Pourtant, même si la musique dite mainstream a depuis prouvé qu'elle méritait d'être traitée avec respect, il faut bien reconnaître qu'il faut du courage pour réécouter dans son ensemble ce disque qui, passé l'instant nostalgique, fait l'effet d'un chewing-gum : c'est agréable deux minutes, mais on finit par ne plus savoir quoi en faire.

    Prince - « The Rainbow Children »

    À la première écoute, on pourrait se dire naïvement que ce 19ème long-format n’est qu’une rupture stylistique de plus de la part d’un artiste qui a toujours adoré dérouter ses fans. Cela aurait été tout à fait louable. À l’inverse, « The Rainbow Children » est de ces albums-concepts qui ont franchement de quoi filer la nausée. Pas tant parce qu’il est dépourvu de véritables singles - c’est là toute l’intelligence de Prince que de s’être détaché des contingences FM - et qu’il puise sa sève dans la diversité des musiques noires (gospel, soul, blues) que par son manque de sincérité : le côté spirituel, socialement engagé semble un poil chiqué.

    Nickelback - « Silver Side Up »

    S’il a au moins le mérite d’être porté par un single qui continue étrangement de faire frétiller les sous-vêtements des auditeurs de RTL2 (How You Remind Me), ce troisième album criard souffre de son manque de direction autant que d’une frontalité de tous les instants qui finit par provoquer de sérieux hauts le cœur. 2001, odyssée de l'hospice ?