2020 M02 4
Peu d’informations circulent au sujet d'Angie. À peine sait-on qu'elle vient de Carhaix (dans le Finistère, là où les gens ne font pas de manière) et qu'elle est fan de soul music depuis l'enfance. Il faut bien avouer que l'on aime ce mystère. C'est l'occasion de projeter nos plus beaux fantasmes sur ce R&B sensuel, de l'imaginer composer ces love songs en écoutant très fort, et très longtemps, des grands noms du genre - SZA, Mahalia ou Tommy Genesis.
« December 8th », son premier projet, est exactement ça : l'affirmation d'un style (d'un ton même) qui parvient à s'inscrire dans un héritage déterminé sans pour autant sentir la poussière. Conséquence : vous ne nous verrez pas dire à son sujet qu'elle réhabilite les années 1990, comme c'est souvent le cas lorsqu'un média évoque une artiste R&B ces derniers temps. Tout simplement parce que la Carhaisienne, basée à Nantes pour les études, n’était même pas née au moment où l’on a tiré le rideau sur le 20ème siècle : Aaliyah, Kelis, les Destiny's Child ne sont pas les icônes de sa génération, alors, autant proposer autre chose que de vulgaires effluves nostalgiques. Et là, clairement, la Française, âgée d'à peine 18 ans, a les idées claires : les dix morceaux réunis sur « December 8th » frappent ainsi par leur maitrise technique, leur sens du contraste (entre rap et chant) et leur cohérence narrative. En gros, ça parle d’amour, mais pas que : Atrophy, par exemple, s'intéresse aux inégalités hommes/femmes. Avec, toujours, ce sens de la mélodie délicate et cette faculté à agencer des mots qui accrochent l’oreille. Parfois en anglais, parfois dans la langue de Bonnie Banane et Enchantée Julia. « J’t’avais dans la peau », chante-t-elle sur Un ou deux. Qu’elle se rassure : on a le même attachement à sa musique.