2020 M06 26
Dans une époque qui fait des amoureux des machines des stars, Stéphane « Alf » Briat est un homme discret. Au brouhaha médiatique, le Français a visiblement préféré l’obscurité des studios, le travail besogneux. Sa discographie est pourtant si foisonnante que chaque auditeur pourrait constituer un top 10 différent, ne retenant pas toujours les mêmes détails ni les mêmes idées. C’est que « Alf » est présent dans le paysage pop hexagonal depuis les années 1990, travaillant aussi bien avec Air, Sébastien Tellier et Phoenix que La Femme, Flavien Berger ou Arnaud-Fleurent Didier.
En plus d'être discret, l'ingénieur du son est également un homme modeste. Et ce pour au moins deux raisons. Parce que, dans une interview à Brain Magazine, il se résume ainsi : « Je ne suis qu'un mec qui met des graves et des aigus », refusant d'admettre le travail sur le son qu'il opère à chaque projet, dans l'idée de le rendre plus consistant, plus riche et plus nuancé. Et parce qu'il a décidé (enfin) de sortir son premier projet dans la discrétion la plus totale. Un peu comme s’il s’était trop habitué à la mise en retrait, à ne pas s’accaparer la lumière des albums qu’il produit.
C'est donc sous le pseudonyme "davoniro" qu'il effectue ses premiers pas en solo, le temps d'un 7-titres (« gadget city ») qu'il a enregistré avec deux synthés, une beat box, et qu'il définit comme une « pop mécanique défaillante en coulée de synthèse FM sous voix digitale ».
L’intelligence du Français sur « gadget city » est donc de savoir tirer le maximum de possibilités des moyens dont il dispose, et de parvenir à avoir un son riche en détails en dépit de ses faibles ressources. Car, ils sont rares ces projets électroniques en France, ces morceaux qui peuvent contenir Kraftwerk, Yellow Magic Orchestra ou PC Music dans une même mélodie. Il faut croire également que Stéphane « Alf » Briat s'est particulièrement gavé d’électro-pop japonaise ces derniers mois ; en témoignent les titres de certaines de ses chansons (Shima Katmura et Tokyo Ga !) et leur contenu, très bidouillé. Pour un résultat forcément atypique, séduisant, qu'il définit comme un « mini-happening ».