2020 M06 6
On vient d'enter au 21ème siècle, et un vent de fraîcheur s’empare de la Terre. En France, les Daft et Air ont amorcé avec « Homework » et « Moon Safari » le renouveau de l’électro et de la pop française. Sebastien Tellier prépare tranquillement son premier disque et un jeune groupe de Versailles fait ses armes en pleine French touch, période bouillonnante pour la créativité. Ce jeune groupe a commencé à faire parler de lui en 1997 avec le 45 tours « Party Time / City Lights », puis le single Heatwave deux ans plus tard. Aux côtés de Air, ils apprennent, expérimentent et tâtent le terrain. D’ailleurs, Phoenix remixe l’une de leurs chansons, Kelly Watch The Stars, disponible sur un CD bonus.
Bref, en 2000, les Français lâchent « United », leur premier album mixé par Philippe Zdar et Stephane Briat (aka Alf). Un disque mélodique, orienté soft-rock avec quelques touches d’électro. Ce n’est pas une déferlante rock comme avec les Strokes l’année suivante. L’approche est plus sophistiquée, douce et mélodique. Honeymoon, l’une des rares ballades du groupe (ça les emmerde), calme les esprits ; On Fire a un petit côté soul music ; Funky Squaredance mixe de la country au vocodeur ; et Embuscade penche vers le jazz. Clairement, et c’est normal, le groupe tâtonne encore. Néanmoins, Phoenix a le vent en poupe pour aller loin, très loin.
L’ambition du groupe, avec des influences américaines et anglaises très marquées et un chant dans la langue de Shakespeare, n’est donc pas de se limiter au marché français, mais de plaire outre-Manche, aux États-Unis et plus globalement à l’international. Ça marche : les Versaillais passent sur les plateaux TV (Jools Holland au Royaume-Uni ou Nulle Part Ailleurs en France) pour jouer les tubes de l’album : If I Ever Feel Better et Too Young.
Le groupe joue de son image : ils sont français (à cette époque on est « bankable »), ils sont jeunes et ils font du rock. « En tout cas, le détail fait le style. Et le style, c’est presque tout. On peut évidemment faire un très bon morceau sans qu’il soit au point stylistiquement mais pour faire une œuvre, il faut du style. À la fin, il n’y a que le style qui compte, non ? », dira Laurent Brancowitz quelques années plus tard. À ce moment-là, Phoenix avait donc toutes les cartes en main pour remporter la manche. Ils ne savaient juste pas encore comment ils allaient la jouer.