5 albums dont on a oublié de vous parler en 2022

Avec un nombre incalculable de sorties chaque semaine, il peut arriver que l’on passe à côté d’un album. Voici cinq disques dont on aurait dû vous parler plus tôt dans l’année. On se rattrape dès maintenant.
  • Dry Cleaning - « Stumpwork »

    En 2021, Dry Cleaning est (presque) arrivé par surprise avec « New Long Leg », qui figure dans le top 10 des meilleurs albums de cette année-là. Un rock blasé qui donne de l’espace aux riffs, aux six cordes saturées et au chant de Florence Shaw, dont les fulgurances sur scène oscillent entre la pièce de théâtre et l’avant-garde. Avec « Stumpwork », la formation britannique s’est quand même donnée pour mission de « raffiner » tout ce bazar sonique. On a quitté la cave pour le studio cosy avec petites lampes et coussins moelleux sur un gros canapé en cuir. La folie est toujours là, mais les compositions prennent plus la forme de poèmes mélodiques. « On voulait un son plus ample, un côté plus pop. L’idée, c’était de se laisser le temps de faire grandir nos morceaux, quitte à accepter la vulnérabilité et le romantisme inhérents à certains d’entre eux », a expliqué le groupe dans une interview pour les Inrocks. Certains diront qu’ils ont un peu perdu de leur fougue sur ce disque, d’autres penseront qu’ils ont passé une étape. Les deux avis se valent.

    Jockstrap - « I Love You Jennifer B »

    Jockstrap, c’est le projet de Georgia Ellery — qui joue aussi dans la formation Black Country, New Road — et de Taylor Skye. Ils se sont rencontrés à l’école de musique, lorsqu’ils étudiaient le jazz et la composition électronique. Au bout de trois ans à confectionner les chansons de l’album, « I Love You Jennifer B » est arrivé en 2022. Une bonne surprise qui mêle une pop extravagante et osée avec des envolées lyriques plus conventionnelles. Ce disque, c’est un peu comme faire une balade dans une forêt enchantée où la nature est en harmonie avec l’homme, et où la faune et la flore chantent des mélodies somptueuses durant votre trajet. Quand on dit que la musique est un voyage, « I Love You Jennifer B » est un parfait exemple. 

    Khali - « Il me ressemble pas non plus »

    Le rappeur, qui vient de Cenon (au nord-est de Bordeaux), fait partie avec La Fève ou encore J9ueve, de la « new wave », à savoir la « nouvelle génération » de rappeurs prêts à casser les codes de ce style musical toujours en évolution. Cette année, Khali a sorti l’album « Il me ressemble pas non plus ». Un disque auto-produit où il laisse la place à ses états d’âmes, où il parle ouvertement de santé mentale sur le titre Jamais Comme Ils Vont — chose rare dans le rap — et où il déploie une panoplie exhaustive de flows. Ne cherchez pas un tube dans ce disque, mais plongez vous dans la tête d’un rappeur loin des convenances et des pratiques qu’on a (trop) l’habitude d’entendre sur presque tous les projets estampillés rap. 

    Sonic Boom & Panda Bear - « Reset »

    Vous connaissez sûrement Panda Bear — il a confondé un petit groupe qui s’appelle Animal Collective. Peut-être moins Sonic Boom, plus connu sous le nom de Peter Kember. Un Anglais qui est à l'origine, avec Jason Pierce, de l’un des meilleurs groupes britanniques des années 80 et 90 : Spacemen 3. Bref, depuis la séparation de ce groupe, Peter sévit sous le nom de Sonic Boom (ou Spectrum). Depuis plusieurs années, l’homme est installé à Sintra, au Portugal, histoire de fuir la grisaille de son pays natal. Et c’est là-bas qu’il a rencontré un autre expatrié : Noah Benjamin Lennox (Panda Bear). Kember explique la genèse du disque à Libération :

    « J’avais envie depuis un momentde construire des morceaux à partir de boucles d’intros de tubes rock des années 50 et 60. En 2020, durant le premier confinement, j’ai testé cette idée et fait écouter le résultat à Noah. A ce stade c’était juste une vague expérimentation, qu’on pensait peut-être utiliser sur scène. »

    Et puis de fil en aiguille, ce duo improbable a composé et enregistré « Reset », un album doucement psychédélique — genre Beach Boys mais sous Tramadol — avec des références assumées aux musiques électroniques. À écouter au soleil plus que sous la neige. Quoique...

    Yard Act - « The Overload »

    Chaque année, au moins un groupe anglais parvient à traverser la Manche sans même mettre un pied dans l’eau. Wet Leg ? Oui, c’est certain. Mais Yard Act aussi. Originaires de Leeds, dans le Yorkshire, les garçons ravivent tout ce qu’on adore dans ce rock anglais : leur musique sent la bière, le pub, The Fall et la désinvolture. Un hommage aux grands héros du nord de ce pays (John Cooper Clark, Mark. E Smith, etc.) et un condensé de chansons aussi bien taillés pour le dancefloor que les salles humides plongées dans le noir et le chaos. Le genre de groupe qui ne se prend pas au sérieux. Mais assez pour mettre une douille à la concurrence. 

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