25 ans après, Air revient pour jouer son "Moon Safari" en live

La machine synthétique bidouillée par Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin en 1998 va se remettre en marche à l’occasion des 25 ans de l’album. Le duo jouera pour la première fois « Moon Safari » en intégralité lors d’une tournée européenne avec un passage par l’Olympia en mars prochain. Air "on air" en 2024 ? Oui, c'est possible.
  • 1997. C’est la fin de la Britpop. Zidane allait bientôt nous faire gagner la Coupe du Monde. Et en France, la musique électronique est sur le point d’envahir les ondes. À Montmartre (18e arrondissement de Paris), Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin commencent alors leur voyage musical. Pas loin, les Daft peaufinent « Homework ». Mais les deux Français n’ont pas vraiment les mêmes références, ni les mêmes esthétiques musicales en tête.

    Le premier maxi, intitulé « Le Soleil est Près de Moi », sort sur Source, une filiale de Virgin Records, en 1997. La musique mélange le psychédélique, la chanson française, la library music, l’ambient et les musiques électroniques. Mais surtout, elle est élégante, pop et soignée. JB et Nicolas, qui sont autant fans de Jean-Jacques Perrey que de Brian Wilson, Can, Bowie, Ennio Morricone, Kraftwerk ou encore Gainsbourg, deviennent rapidement le duo frenchy à la mode, notamment en Grande-Bretagne. La presse britannique adore Air, Depeche Mode est fan. Bref, le duo français est assis tranquillement dans l’Eurostar direction le succès. 

    Les deux Français quittent Paris et louent une maison à Saint-Nom-la-Bretèche près de Versailles pour enregistrer ce qui deviendra « Moon Safari ». Ils se procurent aux puces des instruments vintage qui ne coutent — à l’époque — pas très chers, genre un Mini Moog, un Korg MS 20, un Wurlitzer ou encore un Yamaha DX-7. Durant quatre mois, à la cool, ils mettent en boîte des morceaux comme La Femme d’Argent, Sexy Boy ou Kelly Watch The Stars, qui deviendront des classiques. L’usage du vocodeur est subtile et non robotique, les mélodies sont grandiloquentes sans être pompantes et l’album possède une innocence touchante.

    Source, le label créé par Philippe Ascoli and Emmanuel de Buretel, va mettre le paquet pour exporter Air à l’international. Le New York Times fait le déplacement en France durant l’enregistrement, le groupe fait la couverture des magazines comme The Face ou Dazed & Confused et les efforts paient puisqu’au total, plus de 2,4 millions d’exemplaires de cet album seront vendus. Le monde prend enfin au sérieux la pop française, et quelque part, Air a joué un rôle incommensurable. 

    L’année suivante, le duo est programmé dans l’émission culte de Jools Holland. Ils viennent avec Phoenix. À leur arrivée, ils s’aperçoivent qu’ils ne sont pas seuls. Lenny Kravitz répète juste à côté, tout comme le groupe britannique Pulp. Il faut s'y faire : Air joue dans la cour des grands. David Bowie est ultra fan du groupe — il considère Air comme « avant-garde » et il a sollicité le groupe pour des remixes, Sofia Coppola les engage pour la BO de son premier film (Virgin Suicides), Franz Ferdinand fait une reprise de Sexy Boy, Beck le remixe et 25 ans plus tard, une nouvelle génération d’artistes (Polo & Plan, Ed Mount, Bellboy, Tame Impala, Connan Mockasin, Todd Terje, etc.) continue de citer Air comme une influence majeure. Un exemple ? Kevin Parker a complètement buggé à l’écoute de l'album « Talkie Walkie », comme il l'a raconté au journal Le Monde.

    Pour fêter les 25 ans de l’album, sorti en janvier 1998, Air a annoncé une nouvelle tournée durant laquelle le duo jouera « Moon Safari » en intégralité. Celle-ci commencera en février 2024 à Genève et passera par Amsterdam, Londres ou encore Milan, mais bien évidemment par Paris. Air sera sur la scène de l’Olympia le 7 mars 2024 pour un concert qui s’annonce déjà comme l’un des événements de l’année. 

    Pour revoir le Retour vers le futur de Nicolas Godin, c'est juste en dessous.

    A lire aussi