20 ans après, OutKast annonce la réédition du cultissime "Stankonia"

Au-delà des ventes (4 millions d'exemplaires), le quatrième album du duo d’Atlanta s'est rapidement imposé comme un classique, futuriste et émancipé de tout dogme. Sa réédition en vinyle, annoncée le 30 octobre, est l'occasion de le rappeler une fois pour toute.

Le hip-hop est une école : Afrika Bambaataa est son principal, Kurtis Blow son adjoint, 2Pac et Biggie y officient en tant que professeurs, le Wu-Tang et Kanye West en tant que tourbillons et Kendrick Lamar, Travis Scott ou Megan Thee Stallion en sont les plus fières promesses. Mais qu’en est-il d’OutKast ? Big Boi et André 3000 sont tout simplement les référents de leur propre monde, lançant des pistes, composant à leur bon vouloir, se moquant gentiment de tous ces gens qui semblent quémander leur influence.

En clair, les rappeurs d’Atlanta sont des électrons libres, des mecs qui, à l'image finalement de ce qui se passe au même moment à New York avec Swizz Beatz, délaissent les samples et se concentrent sur les synthétiseurs. Avec, toujours, cette envie de composer des tubes : So Fresh, So Clean et Ms. Jackson, adressé à la mère d’Erykah Badu, avec qui André 3000 a eu une relation, en attestent avec talent.

Des classiques, « Stankonia » en contient un certain nombre, ce qui explique sans doute pourquoi le quatrième album d'OutKast s'apprête à être réédité. Bien sûr, ce long-format fête cet automne son vingtième anniversaire et cela suffit bien généralement à entreprendre ce genre de démarche commerciale.

Mais dans le cas de ce disque, récompensé d'un Grammy Award du meilleur album rap et suivi d'une tournée européenne en première partie d'Eminem, cela va plus loin. C'est aussi et surtout l'occasion de célébrer une scène (la Dungeon Family, très présente sur l'album), une capacité à aborder des thèmes pesants (Toilet Tisha, qui évoque le suicide d’une jeune fille enceinte à 14 ans, Gasoline Dreams où ils abordent la face cachée du rêve américain, We Luv Deez Hoez où les groupies sont doucement moquées pour leur comportement) et une faculté à créer des croisements entre les genres, jusqu’ici inédits dans le hip-hop.

« Notre approche musicale s'inscrit dans une tradition du mélange des genres telle qu'ont pu la définir des artistes comme Hendrix, Sly Stone, George Clinton ou encore Prince sur “Sign o'The Times”. Des types capables de prendre toutes les libertés avec la musique et dont les disques sonnaient comme rien de connu à l'époque. » Lorsqu’il prononce ces mots dans les Inrocks, André 3000 ne se trompe pas : c’est bien dans la belle et grande tradition de la Great Black Music que s’inscrit OutKast, aux côtés des grands noms précités. Ni au-dessus, ni en-dessous.