Alors, il vaut quoi ce docu Netflix sur Angèle ?

Ce sera l’événement musical de la fin d’année : le 10 décembre prochain sortira le deuxième album d’Angèle, « Nonante cinq », le tout accompagné d’un mini-film sur la musicienne belge disponible dès le 26 novembre sur Netflix. Alors, c'est oui ou bien c'est non ?
  • Dans l’histoire de la pop belge, il y a des précédents. Stromae bien sûr, et avant lui Jacques Brel. Et puis, forcément, il y a Angèle. Plus qu’une musicienne, plus qu’une être humaine même, un « phénomène générationnel » qu’on mesure désormais à la popularité des déclinaisons de son Balance ton quoi (121 millions d’écoutes sur Spotify, 97 millions de vues sur YouTube). Alors que chaque artiste populaire a désormais droit à son docu carte de visite sur Netflix, celui consacré à Angèle – et nommé sobrement Angèle – avait donc clairement sa place sur la plateforme. Au point qu’avant même de l’avoir regardé, on peut se questionner sur la légitimité des concurrents.

    Mais ce n’est pas vraiment ce qui restera après le visionnage d’Angèle, un documentaire de 80 minutes qui devrait sans surprise ravir les fans et laisser les autres (qui sont-ils ?) insensibles. Dès les premières minutes, le ton est donné : « Personne pourra jamais raconter cette histoire aussi bien que moi ». Voilà très certainement pourquoi la musicienne a en confié la co-réalisation à Brice VDH (auteur des clips de Oui ou non et Tout oublier), afin de reprendre le contrôle d’une histoire qui a fini par lui échapper. La fameuse rançon du succès.

    C’est le thème principale de ce documentaire Netflix : raconter l’ascension, mais aussi les dérapages. L’enfance auprès de parents artistes (Marka, le père-musicien, la mère Laurence Bibot, comédienne et humoriste, Roméo, le frère rappeur), les débuts difficiles comme musicienne en première partie de Damso, huée pendant ses premières parties, puis l’emballement dès la sortie de La loi de Murphy avec à la clef la manipulation de son image, voire de sa vie personnelle, par les médias. Tout au long de l’heure et demie que dure cette revisite en accéléré de sa propre vie, Angèle raconte sa propre vie, ses gadins, ses coups de spleen, ses joies aussi. Et c’est un peu comme regarder sa timeline Instagram, pour celles et ceux qui la suivent depuis les débuts, avec cette impression d’entrer dans l’appartement d’une copine qui vous accueillerait en pyjama, au naturel.

    Au-delà des humeurs et des ambiances, qu’apprend-on vraiment dans Angèle, le film ? Qu’elle écoute les Talking Heads (surprenant), qu’elle chante du Céline Dion en faisant la vaisselle (moins surprenant), qu’elle aurait pu s’appeler Cléopâtre (on aurait aimé voir ça) et qu’elle a fait ses débuts en s’imaginant comme une réunion fantasmée entre Priscilla, Ariana Grande, et Helene Segara. Outre ces informations anecdotiques, ce docu Netflix laisse entrevoir l’intimité d’une artiste qui ne s’appartient plus tout à fait, mais qui lutte pour éviter la deconnexion avec elle-même. On entre chez elle, au tout début du premier confinement de 2020, moment inattendu où elle a commencé malgré elle l’écriture de « Nonante cinq » (Bruxelles je t’aime a été écrit le 2 avril 2020), jusqu’à cette fin d’année 2021 qui devrait sans trop de surprise couronner ses 26 ans.

    Alors oui, certes, Angèle s’étire un peu en longueurs, avec quelques considérations dispensables sur la notoriété et l’importance de rester naturelle dans un monde où elle semble être devenue extraordinaire. Reste, malgré ça, une réussite : un désir d’authenticité non simulé et qui transparait à l’image, et qui permet en filigrane de mieux comprendre l’effet montagnes russes pour celle qui, voilà encore cinq ans, pouvait prendre le tram incognito à Bruxelles. De quoi mieux comprendre la pochette de « Nonante cinq », et donner à réfléchir à ses fans qui souhaiteraient suivre le même chemin. Etre un.e artiste de notoriété mondiale suppose de balancer quelques idées reçues sur la célébrité. Et ce n’est pas Stromae, lui aussi de retour, qui osera dire le contraire.

    Angèle, à regarder dès le 26 novembre sur Netflix (accessible via le bouquet CANAL+).

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