Adieu le Bus Palladium : le lieu mythique va fermer et devenir un... hôtel

Avant le premier confinement de 2020, 9100 lieux nocturnes permettait à la France de décaler l'heure du coucher. Deux ans plus tard, ils ne sont plus que 8600 selon Frantz Steinbach, membre du comité de la filière Nuit, lieux musicaux, festifs et de vie (CSLMF). Parmi ceux qui n'auront pas résisté à la crise, le Bus Palladium; un lieu hautement électrique et qui s'était fait depuis longtemps un nom sur la mappemonde du rock.
  • Il aura survécu au Covid, mais pas au monde d'après. Le Bus Palladium, ouvert voilà 57 ans et symbole de la révolution des nuits parisiennes, est finalement tombé sur un os : la modernité. Installé au 6 rue Fontaine depuis le 30 septembre 1965, la discothèque imaginée par James Arch n'aura finalement pas réussi à repartir, en dépit de la reprise des concerts debout le 16 janvier. Dès mars, le Bus fermera ses portes et le propriétaire des murs ambitionne une transformation en hôtel dans un quartier lui-même culte (Pigalle) qui a déjà considérablement perdu de sa superbe depuis une quinzaine d'années. 

    La faute au marketing touristique ? Ou au désintérêt du public pour les concerts depuis le début de la pandémie ? Surement un peu des deux, et un coup dur pour le club rock qui inspira autant Gainsbourg (les paroles de Qui est in, qui est out : "Tu aimes la nitroglycérine, C'est au Bus Palladium qu' ça s'écoute, Rue Fontaine il y a foule, Pour les petits gars de Liverpool") que Salvador Dali, Mick Jagger (qui y fêta son anniversaire) ou encore Christopher Thompson avec son film Bus Palladium en 2010. 

    C'est donc une grosse page qui se tourne pour le Bus, qui devait son nom au fait que James Arch, au départ, organisa un système de navettes pour permettre aux banlieusards de venir danser dans la capitale. Une première au milieu des années 60, et déjà le début des emmerdes : un an après son ouverture, un certain Maurice Papon (alors préfet) ordonne la fermeture éphémère du lieu, en raison du boucan généré par les clients et qui dérange Jacques Mitterrand, frère de François, propriétaire d'une garçonnière à proximité...

    Tout cela n'empêchera pas les Beatles de venir par la suite s'y poser pour prendre un verre, ni Hervé Vilard d'y devenir le premier Dj de la boite. Des histoires, le lieu en est rempli. On dit que Lady Gaga et Beth Ditto aimaient y venir incognito, idem pour Pete Doherty. Le Bus, en vérité, était l'un des derniers vestiges parisiens des années 60; l'équivalent rive droite de ce que continue d'être, de l'autre côté de la Seine, le restaurant Chez Castel.

    Las, c'est fini. Et il reste peu d'espoirs pour que la musique continue dans le nouvel établissement hôtelier, prévu pour être quatre fois plus grand qu'actuellement, avec six étages et trois sous-sols dont un qui devrait être réservé à une salle de spectacle. L'histoire ne dit pas encore si une partie de l'esprit du Bus y sera transféré, comme ce fut le cas pour l'Olympia, littéralement déménagé pièce par pièce en 1997. Resteront les photos en noir et blanc pour se souvenir, tout en espérant que les clubs parisiens actuels parviennent à durer aussi longtemps que le Palladium.

     

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