Comment le “Fuck Tha Police” de N.W.A est devenu l'hymne des émeutes américaines

Initialement publié en 1988 sur l'album culte "Straight Outta Compton", le titre de NWA s'est hélas racheté une seconde jeunesse avec l'assassinat de George Floyd, prouvant ainsi que sous Reagan ou Trump, la situation ne s'est guère améliorée pour la population afro-américaine.

+272% d'écoute sur les plateformes de streaming. En temps "normal", ce genre de statistiques est réservé aux artistes morts par surprise (Bowie, Prince, etc). De mort, avec le titre Fuck tha police des Niggaz With Attitude, il en est aussi question. Sauf qu'il s'agit cette fois d'un anonyme, George Floyd, etouffé par une policier et trois autres le regardant sans agir. Entre le 27 mai et le 1er juin, le titre a été écouté comme jamais sur les plateformes Spotify et consort. C'est ce qui ressort d'une analyse des données réalisée par Alpha Data. Et c'est tout sauf anecdotique. 

Si le titre connait ces jours-ci un regain d'intérêt, notamment de ceux qui n'étaient pas nés à l'époque, c'est parce qu'il est entré depuis longtemps entré dans la "culture pop" comme l'un des morceaux les plus revendicatifs contre le profilage racial et les brutalités policières. En 1992 déjà, après que des policiers de Los Angeles aient été acquittés après avoir tabassé Rodney King, Fuck tha police était revenu sur le devant de scène, cinq ans après sa naissance. Presque 20 ans après, c'est désormais au nom de George Floyd que le titre longtemps interdit à la radio est associé. Il a notamment été utilisé par les Anonymous pour hacker les radios de police américaines. Comme ce fut déjà le cas en 2018 en Nouvelle Zélande. L'histoire semble se répéter, et à l'évidence, le groupe de Dr. Dre et Eazy-E s'en seraient bien passé.

Alors qu'une partie des artistes de 2020 s'emportent - à l'image de Billie Eilish - contre le mouvement "All lives matters", le Fuck Tha Police de NWA est quant à lui devenu le titre emblématique du "Black lives matters". Et c'est aussi bien que triste tant le morceau distille avec rage et colère tout ce qui ne va pas aux USA depuis plusieurs décennies. D'autres artistes moins téméraires comme les Strokes s'en sont également déjà pris aux cops américains (c'était sur New York City Cops, en 2001), puis ont changé leur fusil d'épaule (sic) suite aux attentats du 11 septembre. Peur de la polémique, peur du bad buzz... rien de tout ça chez NWA qui persiste et signe, 22 ans après l'écriture du morceau. 

L'étude publiée par Alpha Data nous apprend que le morceau de NWA n'est pas le seul à accompagner les défilés américains, qu'ils soit pacifistes ou plus énervés. Parmi les morceaux ayant connu un bond d'écoute sur les plateformes, citons le This Is America de Childish Gambino (+149%), le Fight the power de Public Enemy (+89%) et le Alright de Kendrick Lamar (+71%). Un autre natif de Compton, tiens donc...

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