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Pour quiconque l'a découvert dans les vidéos hilarantes de Jamel Debbouze sur CANAL+, Stromae reste une énigme, à l'image de sa carrière. Deux albums en dix ans, plusieurs tubes, une tournée américaine insensée puis l'appui sur la touche pause en 2015 après avoir été victime d'effets secondaires liés à un traitement préventif contre le paludisme. Alors, on danse ? Il faudra attendre. Pas un seul album depuis 2013 et, malgré quelques collaborations (avec Orelsan sur La pluie, avec Coldplay en 2019 ou avec Billie Eilish dès 2017), l'impression que le Belge refuse de se prêter aux règles commerciales pour préserver sa sève artistique. Frustrant pour les fans, mais légitime.
Cheese a eu 10 ans cette semaine ! Merci à tous de soutenir mon travail depuis si longtemps 😘 pic.twitter.com/5DE1LbXgjX
— Stromae (@Stromae) June 19, 2020
Ainsi donc, et alors que "Cheese" fête ses 10 ans en 2020, Stromae est guetté au coin de chaque rue. C'est donc sans surprise que sa récente interview pour Libération permet d'en apprendre un peu plus sur le futur du plus très jeune prodige (35 ans).
On l'oublie souvent mais dès le départ Stromae savait pertinemment où il mettait les pieds. Alors même que son premier album n'était pas encore sorti, il s'amusait à inverser les lettres de son nom de scène pour donner naissance à Mosaert, son propre label, pour garder le contrôle. C'est également avec cette stucture que depuis 2015 il s'épanouit loin de la musique avec sa branche prêt-à-porter, constituée "de vêtements unisexes produits exclusivement en europe et en quantités limitées". Et c'est alors qu'il présentait la nouvelle collection à Libé avec ses associés que le musicien s'est confié sur son futur : "Je n'ai jamais vraiment arrêté sauf à une période où je n'étais vraiment pas bien. J'en fais tous les jours, je travaille avec et pour d'autres... [...] Un album arrivera à un moment donné mais je n'ai pas vraiment de date." Pourquoi tant de mystère et de langueur ? Pour préserver la flamme sans doute et donner du relief à sa propre discographie plutôt que de l'user comme plusieurs de ses confrères. "Même si j'avais été sous un contrat d'artiste, on n'aurait pas pu m'obliger. Soit j'aurais trouvé un subterfuge, soit j'aurais sorti un album tout pourri, sans en avoir rien à foutre... Plein d'artistes font ça." Et bam, c'est ce qu'on appelle le chant de la liberté.
En 2014, le magazine américain Time Out s'interrogeait en couverture : "Who the hell is Stromae ?" Six ans plus tard, la question ne semble toujours pas répondue. Rendez-vous en 2021 ?
Crédit photo une : © Benjamin Brolet & Dati Bendo