2018 M05 29
New York New York. C’était en 2008 : Brooklyn hébergeait au cœur de ses quartiers hype le renouveau de l’indie-music mondiale et s’imposait comme la capitale des hommes à poils longs et à chemises à carreaux grâce à des groupes tels que Dirty Projectors, Animal Collective, Grizzly Bear, MGMT et Vampire Weekend. Dix ans plus tard, seules ces deux dernières formations semblent toutefois avoir réussi à s’extraire de leur cercle initial pour aller conquérir le cœur du grand public.
Comment ? Dans le cas d’Ezra Koenig et sa bande, en composant des pop songs de trois minutes et trente secondes hyper bien ficelées et en proposant une image un peu passe-partout - on parle quand même ici de quatre New-yorkais qui ont toujours préféré joué au gendre idéal, gentil et cultivé, plutôt que de se prendre pour des outsiders ou des rockstars. Au point d’être élu le « groupe le plus blanc au monde » par le site satirique Stuff White People Like en 2008.
Sono mondiale. La force de Vampire Weekend, finalement, c’est d’être un groupe ouvert sur le monde et ses différentes diasporas. À la question des influences, ses quatre membres, amis pour la vie depuis leur passage par la fac de Columbia (l’une des plus huppées des États-Unis), citent en rafale, sans ordre ni hiérarchie, Paul Simon et Talking Heads, Fool’s Gold et Damon Albarn, Yeasayer et les rythmes du Congo. Traduction : Vampire Weekend frotte le songwriting new-yorkais aux musiques africaines, la pop au soukous.
Comment, alors, définir un tel mélange ? Eux-mêmes le font systématiquement, à chaque interview, plus justement peut-être que n'importe quel journaliste : en refusant d’être considérés comme les représentants de l’Afrique dans l’indie-rock américain et en se définissant simplement comme un groupe de pop. « N’importe quelle bonne musique est de la pop music », disait d’ailleurs Ezra Koenig dans une interview à Believer en 2017.
En attendant l’album. Cinq ans après leur dernier album collectif, les New-yorkais semblent donc sur le retour. Ils n’ont certes jamais rien lâché – entretemps, Ezra Koenig a lancé sa propre série, Chris Biao a déjà sorti deux albums, tandis que Rostam a lâché ses potes pour se lancer en solo -, mais la parenthèse solitaire semble bel et bien refermée. Pour preuve, trois photographies censées symboliser la nouvelle direction artistique du groupe viennent d'être publiées sur le compte Instagram de Vampire Weekend, mais surtout cette courte vidéo postée sur le compte personnel d’Ezra Koenig, accompagnée d’une légende : « Follow @vampireweekend. » En vrai, on n'avait jamais cessé de les suivre.