Un livre sur le combat de Lennon contre la mafia va bientôt sortir

Intitulé « Lennon, the Mobster & the Lawyer: The Untold Story », ce livre écrit par l’avocat Jay Bergen revient sur une affaire qui a bizarrement fait peu de bruit à l’époque, en 1976 : un procès de John Lennon contre Morris Levy, un patron de label connu pour ses liens étroits avec la mafia, et associé à l’un des futurs parrains de la Cosa Nostra à New York.
  • L’année 2022 marque les 50 ans de l’un des films les plus appréciés du grand public : Le Parrain, réalisé par Francis Ford Coppola. Et si des années plus tard, la Cosa Nostra est toujours un objet de fantasme et de mythes, peu de gens sont au courant que l’un des Beatles s’est en quelque sorte opposé à certains membres de la mafia lors d’un procès contre Morris Levy, fondateur de Roulette Records et associé de Vincent Gigante, le futur chef de la famille Genovese de New York (l’une des cinq familles mafieuses de New York). Si John a décidé de poursuivre en justice un escroc notoire, c’est parce qu’il était fatigué que des labels et des éditeurs volent les droits d’auteur des artistes, en particulier ceux des artistes noirs. On rembobine. 

    Tout a commencé quand Morris Levy — qui a inspiré le personnage de Hesh Rabkin dans la série The Sopranos — s’est révolté contre les Beatles et leur chanson Come Together (1969) pour « violation aux droits d’auteur ». En effet, il considère que le passage où le groupe chante « Here come old flat top » a été piqué à Chuck Berry sur son morceau You Can't Catch Me. Une chanson détenue par la société d'édition de Morris Levy, Big Seven Music. Le patron de label considère aussi que les Anglais reprennent la même suite d’accords.

    On est alors en 1973 et Lennon veut éviter que cette affaire n’aille au tribunal. Déjà parce qu'il a le FBI et le Service de l'Immigration et de la Naturalisation au cul depuis son arrivée aux USA deux ans plus tôt (à cause de ses positions sur le Viêt Nam et pour l'obtention de sa « green card »). Et aussi parce qu'il ne veut pas remettre les pieds à New York puisqu’il s’est séparé de Yoko Ono, et vit à Los Angeles avec son assistante personnelle May Pang. Pour calmer le jeu, il accepte alors d’enregistrer trois titres appartenant au catalogue de Levy pour son album « Rock 'n' Roll », et constitué de reprises de classiques du rock. 

    Morris Levy fout visiblement la pression à Lennon, qui entre temps a décidé de faire un autre disque (« Walls and Bridges »), en le menaçant de relancer le procès. L’Anglais finit par lui donner des versions non abouties des reprises. « Ce n'est pas la version finale de mon album. Il se peut que je doive supprimer certaines pistes minables », aurait dit John à Levy, selon un article de The Guardian. Mais Morris Levy, peu scrupuleux, sort les chansons au début de l’année 1975 via l’album « Roots: John Lennon Sings the Great Rock & Roll Hits ». Un disque disponible à la vente durant trois jours uniquement par correspondance (via un spot télévisé) avant qu'Apple et EMI n’interviennent pour stopper cette mascarade. Selon Levy, Lennon lui avait donné un accord verbal. Mais John en a ras le bol des vautours dans l'industrie musicale, et ne compte pas en rester là.

    L’avocat en charge de défendre les intérêts de Lennon s’appelle Jay Bergen, l’auteur du livre Lennon, the Mobster & the Lawyer: The Untold Story qui revient sur ce procès, et qui sortira en mai. Jay se souvient que la presse n’était pas intéressée par cette affaire judiciaire. Au premier jour du procès, seules la mère et la tante de l’avocat sont présentes dans la salle d’audience. Finalement, le 10 août 1976, Morris Levy est jugé coupable. Il doit verser 400 000 dollars à Lennon et la même somme à Capitol et EMI. L’avocat avait alors déclaré : « De nombreux cadres, artistes et managers craignaient Morris Levy. Ses méthodes sournoises et ses liens avec la mafia étaient bien connus. Pourtant, John Lennon l'a fait taire. »

    Le livre, qui s’appuie sur des milliers de pages de témoignages, de transcriptions et de notes du procès stockées dans le garage de l’avocat, devrait réussir à susciter l’intérêt des fans des Beatles. Déjà parce que John y détaille au juge son processus créatif. Mais aussi parce qu’après les sept heures du documentaire Get Back, on voit bien que tout ce qui touche de près ou de loin au groupe anglais vaut de l’or. 

    Plus d'infos sur le livre par ici.