2023 M04 5
Si les Daft Punk ont toujours cultivé cette culture du secret, force est de constater que depuis la mort des deux robots en 2021, Thomas Bangalter s’expose plus librement. On le voit sur des photos à visage découvert — avec des fans ou avec Pedro Winter, boss d’Ed Banger et ancien manager du groupe — et le Parisien de 48 ans prend la parole dans les médias pour promouvoir son premier album solo post-Daft, « Mythologies », la bande-son d'un ballet d'Angelin Preljocaj où les orchestrations et les cordes sont mises en avant, au détriment des technologies qu’il délaisse volontairement.
Lors d’un entretien avec la BBC, le Français en a profité pour discuter des Daft et mettre les choses au clair. Pour lui, Daft Punk « était une exploration qui commençait avec des machines mais qui au fur et à mesure essayait de s’en éloigner. J’aime la technologie en tant qu’outil, mais je suis en quelque sorte terrifié par la nature de la relation entre les machines et nous-mêmes. »
Le contexte actuel, avec l’émergence des intelligences artificielles utilisées par le grand public, est pour lui inquiétant, bien au-delà de la musique. Car pour Thomas Bangalter, les Daft Punk ont toujours mis l’humain avant les machines. « Nous avons essayé d’utiliser ces machines pour exprimer quelque chose d’extrêmement émouvant qu’une machine ne peut pas ressentir, mais qu’un humain peut. Nous avons toujours été du côté de l’humanité et non du côté de la technologie ». Au point de considérer les personnages robotiques comme une « installation artistique de Marina Abramović — artiste serbe spécialisée dans l’art corporel, Ndlr — qui a duré 20 ans ».
Life after Daft Punk: Thomas Bangalter on ballet, AI and ditching the helmethttps://t.co/Ul6a6PZybr
— BBC News Entertainment (@BBCNewsEnts) April 4, 2023
Avec la fin des Daft Punk, Thomas peut enfin parler de la frontière entre le réel et le digital, et insister sur l’aspect humain des Daft Punk, une limite brouillée par les personnages des deux robots. Mais au moment de se séparer, pour Thomas, il fallait se rendre à l’évidence : « La dernière chose que je voudrais être, dans le monde actuel en 2023, c’est un robot », exprime sincèrement le musicien.
Lors de l’interview, Bangalter parle aussi de 2001 : l’odyssée de l’espace de Kubrick (1968), son film préféré. Un long-métrage toujours d’actualité aujourd’hui puisqu’il « pose exactement la question que nous devons nous poser sur la technologie et l'obsolescence de l’homme ». Avec la puissance des machines et des algorithmes aujourd’hui, la question n’a peut-être jamais été autant d’actualité. Et Kubrick comme les Daft Punk avaient déjà un temps d’avance. "Human after all", comme disait l'album...