La success story d’Oxmo Puccino expliquée en 5 dates

  • Comment passe-t-on de l'une des écuries les plus hardcore du rap français des 90's aux Victoires de la musique ? À l’occasion de la sortie de son livre « Au fil du chant », Oxmo rouvre les pages de sa vie bien chargée et explique 5 dates fondatrices.

    Septembre 1980 : Le début d’une amitié

    « Ce qu’il faut savoir, c’est que je suis né au Mali et qu’à mon arrivée à Paris en 1975, j’ai débarqué illico dans un immeuble avec une fenêtre sur une ligne de chemin de fer. En bas de l’immeuble, les jeunes de mon âge m’intimidaient. Pareil à l’école. Pourtant, c’est à cette époque, en première année de primaire, que j’ai commencé à devenir pote avec eux – et c’est toujours le cas aujourd’hui. On s’est construits ensemble, on a fait des conneries ensemble, on est comme une famille. Je me souviens encore de ce premier jour de classe : à la récré, je vois des roues et des pneus dans la cour. C’est là, ça traîne et personne ne dit rien. Une fois la journée finie, deux de mes futurs potes s’attaquent à une voiture. L’un pète un carreau, l’autre pique les roues. Ça donnait le ton de la vie qu’on s’apprêtait à mener… »

    « 2Pac se fait tirer dessus à Los Angeles le jour où je reprends l’avion pour Paris. »

    Septembre 1996 : Deuxième voyage à New York

    « C’est un voyage hyper important parce que, en 1996, c’est clairement l’apogée du hip-hop américain, l’époque de Notorious B.I.G., de Mobb Deep et d’autres. On n’a jamais trouvé plus fort qu’à cette période. Mais ce qui m’a le plus marqué, c’est que j’apprends que 2Pac s’est fait tirer dessus à Los Angeles le jour où je reprends l’avion pour Paris. J’étais complètement assommé, c’était un grand moment de solitude, je sentais que quelque chose de grave venait de se passer. Ça s’est confirmé quelques jours plus tard lorsque son décès a été annoncé : ça renforçait tous les stéréotypes liés à la supposée violence inhérente au rap. Surtout, j’ai été frappé par le peu d’intérêt porté par les médias français sur la mort d’un artiste de cette envergure, que ce soit d’un point de vue musical ou politique. 2Pac représentait beaucoup pour la population noire et beaucoup de journaux français n’ont pas su en saisir l’importance. »

    Avril 1998 : Sortie de « Opéra Puccino »

    « Ce premier album, ça été un changement de vie totale pour moi. Tout a changé : le regard des gens, les attentes, le mode de vie, etc. Ça n’a pas été facile à gérer, mais il fallait faire avec. Mais si ce disque est aussi important pour moi, au-delà du fait qu’il officialisait mon arrivée dans l’industrie du rap, c’est parce qu’il a marqué les esprits d’un très grand nombre de personnes alors qu’il est sorti au cours d’une année très productive pour le rap français. 1998, c’est quand même l’année de la compilation « L432 », de « Le combat continue » d’Ideal J ou de l’album « Suprême NTM ». »

    2010 : Première Victoire de la musique

    « Parce que cette date fait écho avec ce que je te disais après la mort de 2Pac. Là, je viens de recevoir une Victoire de la musique et j’ai l’impression d’être enfin reconnu pour mon travail. Avant, je n’étais qu’un braconnier de la musique aux yeux d’un grand nombre de personnes. Désormais, les gens écoutaient mes morceaux et respectaient « L’arme de paix », un disque qui arrivait trois ans après un gros travail en studio sur « Lipopette Bar » [avec The Jazzbastards, ndlr]. Cette reconnaissance, autant professionnelle que publique, m’a également permis de mettre en place une grosse tournée, certainement l’une des plus importantes de ma carrière. »

    « Le soir du 13 novembre, la sortie de « La voix lactée » n’a plus d’importance. »

    13 novembre 2015 : Entre joie et larmes

    « Deux choses rendent la sortie de « La voix lactée » essentielle. La première, c’est qu’il s’agit pour moi d’un album charnière, un disque qui me fait entrer dans de grandes réflexions sur ma vie et sur ma musique. La seconde, c’est qu’il est sorti le 13 novembre 2015 et que, vu les évènements tragiques qui se dérouleront quelques heures plus tard au Bataclan et ailleurs, la sortie de l’album ne compte alors plus du tout à ce moment-là. Le disque existe, il est là, il sera certainement écouté sur la longueur, mais les neuf mois passés en studio pour l’enregistrer n’auront finalement servi qu’à aller sur scène. Sa sortie, son impact auprès du public ne comptait plus pour moi après ce qu’il venait de se passer. »

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