SNCF : des musiciens verbalisés à cause de la taille de leurs gros instruments

Après des années de tolérance, la SNCF a décidé que les contrebasses, les violoncelles ou encore les harpes ne respectaient pas les normes de sécurité en vigueur. Du coup, les sanctions tombent et provoquent la colère des musiciens.
  • Si l’on se fie à certains clichés, la SNCF, c’est une histoire faite d’attente, de retards et de prix exorbitants pour trente minutes de trajets. Ainsi, quand la compagnie annonce qu’elle compte verbaliser les musiciens accompagnés de leurs instruments volumineux, tout semble presque trop prévisible : la SNCF colle un peu trop aux mauvais côtés de sa réputation. Et ça ne passe pas auprès du syndicat professionnel des producteurs et diffuseurs indépendants de musique (Profedim), qui a tôt fait de réagir dans un communiqué de presse.

    « À l’heure où la crise sanitaire a particulièrement touché les artistes musiciens et leurs activités mais a aussi accéléré pour tous les prises de conscience des enjeux sociétaux et environnementaux de demain, il semble essentiel de pouvoir imaginer des solutions pour permettre la circulation des artistes et de leurs instruments à bord des trains ».

    Des solutions, il convient d'en trouver rapidement. Car, depuis que la SNCF considère les instruments de musique comme des instruments de travail et non pas comme des bagages, les amendes se multiplient. Et elles sont salées : entre 50 et 150 euros, selon le bon vouloir des contrôleurs. Un coup bas pour les musiciens, et notamment pour ceux issus de la musique classique, dont les harpes, les contrebasses, les violoncelles et les claviers dépassent les dimensions réglementaires - soit 1m20 de hauteur et 90 cm de largeur.

    Ce qui, là encore, interroge Profidem : « Pourquoi la SNCF peine-t-elle à trouver une solution aux musiciens qui sont souvent des abonnés grands voyageurs, alors que vélos, skis et autres bagages atypiques trouvent une place à bord ? La situation est d’autant plus absurde que la SNCF soutient par ailleurs nombre de festivals musicaux. »

    Dans une tribune publiée dans Le Monde en juin dernier, le contrebassiste Sébastien Boisseau estimait à 100 000 le nombre de kilomètres parcourus à travers l'Europe chaque année. Il est donc inutile de préciser que la situation est inquiétante pour les 2400 musiciens français vivant de ces instruments. Surtout qu'elle ne cesse d'empirer depuis début 2021. « Depuis février, je reçois témoignages sur témoignages de collègues verbalisés, ou même interdits d'accès au quai, écrivait-il. La SNCF réussit même un tour de force commercial, en verbalisant ses meilleurs clients et clientes […] On ne peut pas d'un côté nous offrir des avantages, nous faire des prix, et en même temps nous verbaliser et nous faire la morale ».

    Comme solution, la SNCF a initialement proposé une expédition par fret. Une option inenvisageable pour les musiciens, dont les instruments sont parfois très fragiles et vieux de plusieurs siècles, et qui espèrent toutefois que la rencontre avec la compagnie ferroviaire prévue le 8 octobre pourra déboucher sur de bonnes nouvelles. Et dire que, pendant ce temps, des accordéonistes et des violonistes continuent de sévir sur la ligne 13 du métro parisien...