2019 M08 22
Révélation. Longtemps vilipendé sur le plan musical (sauf quelques belles exceptions bien entendu), l’Irlande se rebiffe en 2019. Deux formations sont responsables de tout ce boucan : Fontaines D.C. (que l’on ne présente plus) et The Murder Capital, juste derrière dans l’échappée. Au début, il s’agissait d’un projet solo du leader James McGovern. Mais pour emmener ses compositions sur le plan supérieur, il fallait qu’il s’entoure. Une fois les fondations posées, la première chanson More Is Less déferle sur l’Irlande et la Terre entière. Dans un style très proche de celui d’Idles, les Irlandais affirment leur envie de torturer les guitares et de rivaliser avec les groupes situés dans la même lignée (Shame, Idles, Just Mustard, etc.).
Pas de chichi. Ce qui change avec The Murder Capital (et Fontaines D.C.), ce sont les références qu’ils portent dans leurs bagages. « On préfère s’inspirer de photographe comme Francesca Woodman, de réalisateurs comme Yorgos Lanthimos et Gaspard Noé, et évidemment d’auteurs comme John Keats et Albert Camus », raconte le groupe dans cette interview. Ce ne sont pas, comme on les décrit parfois, des punks. Ni des jeunes en colère qui veulent pousser la voix. Si James chante avec un fort accent de Dublin, c’est parce qu’il y a vécu toute sa vie, et pas pour faire « comme les autres ».
Et si les cinq irlandais abordent des thèmes délicats, c’est parce qu’ils veulent, grâce à leur musique, photographier l’état de leur pays en 2019, où l’accès aux soins est encore compliqué, où l’avortement est toujours vu comme un péché, et où l’avenir ne fait pas forcément rêver. Le suicide d’un proche (On Twisted Ground) et un futur peu réjouissant donnent fatalement une noirceur aux compositions du groupes. Mais derrière l’obscurité, on trouve aussi des moments plus doux et optimistes.
(No) future. En partageant un studio de répétition avec Fontaines D.C., The Muder Capital commence l’élaboration d’un premier album qu’il peaufinera à Londres avec le producteur Flood (U2, Nine Inch Nails, Smashing, etc.). Sur ce disque, baptisé « When I Have Fears », il est autant question du climat de l’Irlande que des hôtels qui poussent à Dublin.
Avec ses mélodies directes et répétitives, le groupe veut vous toucher au plus profond, jusqu’à vous faire changer de point de vue : « Nous avons tous eu ces moments avec des albums qui ont changé nos vies, ou nous ont aidés à avoir une perspective complètement différente sur les choses. Tout cela est un processus de communication et de compréhension », explique-t-il au site DIY. La musique comme un moyen d’apporter sa pierre à l’édifice, et faire en sorte de « rebâtir » le pays sur des bases plus solides.