2019 M05 23
Make Britain Great Again. On le décrit comme une bête de scène. À 24 ans, Slowthai malmène l’Angleterre et n’hésite pas, sur son premier album, à revenir à la charge à multiples reprises. Il n’est pas là pour vous dire que tout va bien dans son pays, mais que malgré toutes les galères, il y a de l’espoir.
Avant de sortir ce premier disque engagé qui vient bousculer l’establishment, intitulé « Nothing Great About Britain », l’Anglais était un jeune parmi d’autres. Ses journées se résumaient au taff, à fumer des joints et à jouer à Fifa avec ses potes. Pas enthousiasmant. Mais comme pour beaucoup, il a su tourner cet ennui en quelque chose de positif.
Le king. Les références de Slowthai sont bien ancrées sur ses terres. Il parle de la reine (qu’il appelle « cunt », un mot qui peut à la fois signifier « connasse » ou les parties intimes d’une femme ), de joueurs de foot (Ryan Shawcross de Stoke City), d’un personnage plutôt brutal d’un feuilleton très populaire outre-Manche (Phil Mitchell de Eastenders) ou encore du bébé dans le film Trainspotting.
Le jeune rappeur explique pourquoi au magazine DIY : « Je veux écrire des références que seuls les Britanniques vont comprendre, car, en grandissant, on m’a appris à être fier d’où l’on vient. La Grande-Bretagne est le seul endroit que je comprends vraiment, c'est chez-moi, alors pourquoi je devrais rapper sur autre chose ? Tant que je peux être le roi de Northampton, c'est tout ce qui compte. »
Les femmes de sa vie. Sur ce disque, Slowthai est brut. Il se livre, parle de sa vie, de ses expériences et même de sa mère, Gaynor, qui l’a eu quand elle n’avait que 16 ans. Une « teenage mum » comme on les appelle en Angleterre, souvent stigmatisées pour avoir des enfants à un âge où beaucoup sont encore au lycée. Sur Northampton’s Child, le rappeur lui rend hommage et considère qu’on devrait plutôt soutenir ces mamans et admirer leur courage. Sur Ladies, il se met dans la peau d’une femme et veut transmettre le message que les hommes ont trop longtemps abusé de leur pouvoir. Lui qui a grandi dans une famille entouré de filles veut ici remettre les pendules à l’heure.
Punk isn't dead. Bien qu’il fasse du rap, Slowthai se considère comme un punk dans l’âme. À l’instar de Sid Vicious des Sex Pistols, il déteste la reine et préfère se montrer tel qu'il est, sans filtre : « Je m’identifie beaucoup à lui, à cette idée de ne pas vous tourner les pouces, mais de sortir et de passer à l'action. Je veux incarner les idéaux punk. » Ces idéaux punk se retrouvent dans sa musique, brute, directe et sans contrefaçon. Et cette manière d'être plaît (forcément) à la grande gueule Liam Gallagher, qui a montré toute sa sympathie envers le jeune rappeur dans un tweet.
as you were st x https://t.co/EP2qPX8SEX
— slowthai (@slowthai) May 4, 2019
Dans la rue. Fatalement, le Brexit n’est pas loin. Slowthai parle du fait de venir de la classe populaire, de la politique, des gens qui continuent à mener leurs petites vies en se voilant la face sur l’État du pays. Une manière d’être anglais qui dérange le rappeur. « Ce pays pourrait partir en fumée et les gens continueraient à boire du thé et à manger des scones [petit pain anglais, ndlr] en se disant que tout ira bien. » Pour changer les mentalités, Slowthai pense que le seul moyen est d’aller dans la rue et de protester. En tout cas, lui, il sera là, prêt à manifester.