Qui es-tu Folly Group, nouveau chouchou punk des Metronomy ?

On ne peut que se réjouir de ce renouveau post-punk en Angleterre. Mais soyons honnêtes : on approche déjà dangereusement du point de saturation. Fort heureusement, plusieurs d’entre eux savent se démarquer du lot, comme Black Midi ou Squid. Et nul doute qu’il va bientôt falloir compter sur les Londoniens de Folly Group, dont la fièvre expérimentale a même su séduire Metronomy.
  • Le 15 septembre dernier, le groupe pop Metronomy sortait un EP surprise de cinq titres. En réalité, il s’agissait plus d’un projet parallèle du leader Joseph Mount, qui voulait faire son « album de producteur » : on n’y entend jamais sa voix, ni celle des autres membres de son groupe, mais toujours celles de jeunes pousses, toutes très prometteuses. Mount parle ainsi de son « album de producteur », amenant le son typique de Metronomy dans l’univers d’autres artistes. Et le plus étonnant du lot est sans conteste le titre de clôture, triangulaire entre Mount, le tout jeune rappeur Brian Nasty et le quartet londonien Folly Group. En résulte cet entêtant Monday, tiraillé entre une énergie folle et un certain malaise. Et le second vient sûrement de Folly Group.

    Après avoir formé plusieurs groupes, trois colocataires de Brixton, Sean Harper, Louis Milburn et Tom Doherty, se disent qu’il serait idiot de ne rien tenter ensemble. Le temps d’embaucher Kai Akinde-Hummel, et voilà Folly Group sur les rails, publiant un premier single début 2020, Butt No Rifle. Et c’est déjà très solide : les fondations post-punk sont bien là, faisant hommage aux classiques, The Fall, Gang Of Four, ou même Magazine. La nervosité est là, ainsi que l’alliage de guitares et d’électronique, dans une rythmique raide et tendue. Le groupe se démarque avec son batteur co-chanteur (un point commun avec Squid, mais aussi Metronomy), doublé par un musicien dédié aux percussions électroniques, amenant une grande densité à leur son.

    Mais avec le single suivant, Fewer Closer Friends, enregistré via Zoom, c’est une autre influence qui se fait sentir : celle de musiques de danse. Ce qui, d’emblée, vient rapprocher Folly Group de références bien plus récentes, comme Klaxons, ou même les oubliés de Clor. En espérant que le groupe ne soit pas le même genre de pétard mouillé. En attendant, un premier EP vient faire monter l'excitation, « Awake And Hungry » paru en juin dernier. Celui-ci est enregistré comme tout bon disque punk doit l’être : à l’étroit dans la colocation des musiciens, avec les moyens du bord. Pourtant, il suffit d’une écoute de Four Wheel Drive, et sa plongée dans l’angoisse pour saisir le riche potentiel du groupe. Potentiel à confirmer en live, car les musiciens mettent un point d’honneur à pouvoir jouer ses titres tels quels sur scène : « ça fixe des limites qui forcent à être créatif ».

    Pour confirmer cette volonté aventureuse du groupe, il suffit de voir leurs collaborations rêvées : le producteur de noise Ben Frost, ou bien Atticus Ross, le complice de Trent Reznor au sein de Nine Inch Nails. Mais cela reste très théorique : fidèle à son esprit DIY, le groupe ne travaille qu’avec des personnes de confiance. Ou seul, comme pour le clip du titre Awake And Hungry, réalisé avec le logiciel Unity, pensé pour la création de jeux vidéo.

    La deuxième partie de l’EP vient confirmer cette volonté de toucher à tout. On y retrouve des influences parfois hip-hop, ou bien électroniques, des morceaux travaillant une ambiance tout comme des titres très dynamiques. « On voulait faire quelque chose qui soit suffisamment large, afin que quoi qu’on décide de faire ensuite, ça ne soit pas un virage à 180°. » Ne reste maintenant qu’à choisir la bonne voie parmi toutes celles qu’ils sont en train d’ouvrir.