2019 M03 8
Mauvaise pente. Si l'on se fie aux statistiques, la carrière de Michael Jackson n'a fait que décliner après la sortie de « Thriller » en 1982 : « Bad » s'est vendu moitié moins (33 millions d'exemplaires, contre 65 millions pour son prédécesseur), « Dangerous » ne dépasse pas la barre des 30 millions, « History » atteint « à peine » les 18 millions et « Invicible », en 2001, stagne à 6 millions.
Dès lors, deux précisions : ces chiffres continuent de faire rêver n'importe quel artiste, engoncé dans les bas-fonds de YouTube ou non ; cela n'engage en rien la qualité de ces différents albums (« Bad » et « Dangerous » constituent même des pics de créativité au sein de sa discographie). Seulement, les faits sont là : au-delà de sa réussite de moins en moins franche dans les bacs, Michael Jackson donne l'impression de mal négocier le virage des années 1990. Surtout, les premiers scandales apparaissent...
Présumé coupable. Alors que les années 1980 faisaient de Michael Jackson le King of Pop, la décennie suivante voit en lui un personnage mystérieux, incapable de gérer sa notoriété, dépassé par son image (la chirurgie esthétique toussa toussa...) et sujet à de nombreuses accusations. La première intervient le 17 août 1993 : accusé d'attentat à la pudeur sur un jeune garçon de 13 ans, la police de Los Angeles ouvre une enquête.
La mère de l'enfant affirmera fermement qu'elle n'a rien à reprocher au comportement de l'artiste, mais rien n'y fait. Ni les millions de dollars versés pour faire taire l'affaire, ni les succès en radio. D'autant que d'autres accusations surgissent peu à peu, alimentées par les propos parfois troubles de Michael Jackson. Comme cet entretien diffusé le 3 février 2003 sur Granada Television où la star précise ne pas être choquée à l'idée qu'un adulte puisse partager son lit avec des enfants...
Délivrez-le du mal. Dans la foulée, les accusations pleuvent, 70 policiers perquisitionnent Neverland et même Macaulay Culkin se sent obligé de monter au créneau pour prendre publiquement la défense de son ami, rencontré sur le tournage de Maman, j'ai raté l'avion. Reste que le doute plane... Et ce n'est pas Leaving Neverland qui risque de changer la donne : dans ce documentaire de quatre heures, diffusé le week-end dernier sur HBO, James Safechuck (41 ans) et Wade Robson (36 ans) affirment avoir été violés à plusieurs reprises par le chanteur au cours de leur enfance.
Ce dernier détaille même ses après-midis à Neverland, partagés entre des caresses, des baisers « avec la langue » et des cours de fellation. Suffisant pour écorner un peu plus la pop-star, décédée à l’été 2009... ? Suffisant, en tout cas, pour que ses chansons soient censurées par des radios nationales (au Canada et en Nouvelle-Zélande, notamment) et pour lancer un débat 2.0 : doit-on oui ou non retirer sa musique des sites de streaming ? Vous avez deux heures.