Au Maroc, la trap cartonne tout… même les autorités

  • En direct du Maroc, des rappeurs tels que Shayfeen, Madd ou 7Liwa, idolâtrés par la jeunesse locale, ne rêvent que d’une chose : traverser les frontières et faire de Casablanca l’équivalent d’Atlanta.

    De nouveaux standards. Au sein des pays occidentaux, une tradition (ou plutôt est-ce un cliché ?) veut que le hip-hop ne peut être mieux envisagé et exécuté qu’au sein de nos contrées. Faux, archi faux ! Au Maroc, par exemple, de nouveaux artistes ne cessent d’éclore ces dernières années avec, en tête, le modèle Atlanta (Young Thug, Migos, Gucci Mane…), mais aussi une singularité à affirmer.

    Écouter Shayfeen, Madd, Toto, Dizzy Dros ou encore Inkonnu, c’est donc entendre des compositions qui manient les langues (le berbère, le français, l’anglais, l’espagnol, voire les dialectes locaux), osent délaisser le rap au profit du chant (ou l’inverse), et puisent autant leurs influences dans le ghetto américain que dans le mode de vie oriental.

    « Paris est Magique, Casa aussi. » Il est d’ailleurs frappant de voir à quel point ces artistes, injustement méconnus en France, provoquent l’euphorie dans les rues de Casablanca ou ailleurs. Sans soutien officiel, qui plus est : absents des médias traditionnels (télé, radio, publicité) pas très motivés pour soutenir ce genre de démarche (en 2014, Mr. Crazy passait trois mois dans un centre de détention pour mineur pour « propos immoraux »), des rappeurs tels que 7Liwa (prononcé hliwa) accumulent pourtant les millions de vues sur YouTube et sont extrêmement suivis sur les réseaux sociaux (« L’Énergie », la mixtape de Shayfeen, a été téléchargée presque 80 000 fois, trois jours seulement après sa mise en ligne en 2012).

    Sous codéine. Les cheveux se veulent longs, le style vestimentaire bien affirmé et le goût de la provocation totalement assumé — l’un des titres les plus célèbres de 7Liwa ne s’appelle-t-il pas Mosi9et Chaitan (« La musique du diable »), tandis qu’un autre crie « nique la police » et qu’un autre encore, Kmi Kmi Kmi (« Fume, fume, fume »), prône la défonce ?

    « Avec un autre art, il peut y avoir des limites, mais pas avec le rap, expliquait-il en 2016 au média marocain La Cage. Tu peux mal parler, parler de religion. Au début, on me disait que mes textes étaient trop tranchants, que j’allais grandir et perdre ces mauvaises habitudes […]. Je ne cherche pas à être antisystème […]. J’ai pris quelques risques. Voilà tout. »

    À travers les frontières. À l’initiative de Mohamed Sqalli, directeur créatif dans la musique, déjà à l’origine de la réhabilitation de Cheb Hasni en France, une compilation d’une dizaine de morceaux devrait même voir le jour d’ici l’été. Son but ? Réunir rappeurs marocains et artistes français (Jok’Air, Sneazzy, LayLow, Maruego (IT), TripleGo, The Shoes ou encore Nusky), permettre à la trap marocaine de séduire à l’international et servir de publicité à cette nouvelle génération, de passage à Paris le 25 avril prochain lors d’un concert à la Bellevilloise.

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