Mais au fait, d’où ça vient le mot “concert” ?

Ce mot a été transformé et modernisé au fur et à mesure du temps. Il a notamment été au centre d’un ping-pong linguistique entre la France et l’Italie...
  • Pour bien comprendre les origines de concert, il faut remonter dans le temps et dans les langues. Retour à l’époque où une bonne partie de l’Europe parle exclusivement le latin. Au sein de son vocabulaire, on retrouve deux mots qui serviront de base à celui qui nous intéresse : conserere et concertare. Mon premier est synonyme de “joindre, attacher ensemble, unir” tandis que mon second veut dire “être en conflit, en opposition.” À première vue, ces termes sont diamétralement opposés - et c’est le cas. Mais grâce à la musique, ils vont se réunir pour ne faire qu’un. 

    Dès la fin du XVIème siècle, le terme concerti fait sa première apparition en Italie. On le retrouve notamment dans certaines œuvres du compositeur Giovanni Gabrieli comme “Concerti di Andrea et di Giovanni Gabrieli” en 1587. Mais ce mot n’est pas arrivé là par hasard. Bien qu'aujourd'hui un artiste puisse très bien faire un bon concert en étant seul sur scène, ce n’était pas le cas au XVIème siècle. C’est d’ailleurs dans la définition-même de l’italien concerto : “Oeuvre musicale pour un ou plusieurs instruments solistes et un orchestre.” Avec le recul, le lien avec conserere et concertare semble ne pas être évident, mais il l’était à l’époque. 

    Un concerto était alors une composition musicale dans laquelle les solistes devaient jouer ensemble. Ils utilisaient des instruments qui n’avaient pas l'habitude d'être associés et qui pourtant arrivaient à trouver un équilibre mélodieux une fois mis les uns à côté des autres. Cette théorie a été confirmée dès 1619 par Michael Praetorius dans son livre Syntagma Musicum. Les solistes de l'époque sont donc liés entre eux pour jouer de la musique (conserere), mais aussi en opposition les uns contre les autres au sein d'un même orchestre (concertare).

    Dès lors, le terme concerto traverse les Alpes pour arriver en France et devenir concert. Mais notre langue étant aussi dérivée du latin, ce mot ne se rattache pas tout de suite à la musique. De ce fait, concerto est directement associé au sens de concertare (soit unir). Il garde cette signification pendant un moment - créant même le verbe concerter - avant que les Frenchies ne se rendent compte qu’en Italie, il veut dire tout autre chose. Grâce à la magie du langage, les définitions italiennes et françaises se confondent dans l'esprit des deux populations. Et qu’est-ce qu’une réunion autour d’une œuvre musicale ? Exactement : un concert.