Lolo Zouaï : "Mon album est sexy, intime et tape comme un morceau de rap"

Après plus d’un an à faire le buzz, Lolo Zouaï débarque enfin avec son premier album (« High Highs to Low Lows »). Un disque d’ambiance, à l’entendre, qui doit autant au hip-hop West coast et au R'n'B des années 1990 qu’à la variété française. Si, si !

Après avoir publié plusieurs singles, ce n’était pas trop dur d’adapter ta musique au format album ?

Non, parce que c’était un rêve. Je bosse dessus depuis un an et demi, je l’ai fait en totale indépendance et j’ai pris le temps de le faire à ma manière : des morceaux jusqu’au merchandising, en passant par les clips, tout a été pensé par Stelios, mon producteur, et moi-même.

Tu n'as jamais eu envie de t'ouvrir à d'autres producteurs sur « High Highs to Low Lows »?

Non, on a tout fait ensemble et on a tout trouvé à deux : le tempo, les accords de piano ou de guitare, les beats ou même les paroles. On avance comme ça, au feeling, et on ajoute tel ou tel son au fur et à mesure. Enfin, ça c’est surtout lui qui s’en occupe. Il capte des sons qui me paraissent imperceptibles, il a une super vision et, surtout, il comprend la mienne. C'est pour ça qu'il se permet d'insister quand il sent qu'une idée est bonne. Par exemple, c'est lui qui m'a convaincue de mettre Here To Stay sur le disque. Je l'avais écrite un soir chez moi, j'étais très triste et je la trouvais trop personnelle pour être sur l'album à la base. Si tu écoutes bien, on entend même mon chat en arrière-fond...

Tu as conscience de profiter d’un regain d’intérêt pour le R'n'B ces dernières années… ?

Oui, c’est sûr, mais je trouve que l’album n’est pas uniquement R'n'B. C’est mon univers, et il regroupe plein de styles différents. Ce qui correspond à l’époque, finalement. Aujourd’hui, les gens se fichent des genres musicaux. Ils veulent des ambiances, des morceaux pour chiller, pour soigner leur mélancolie ou pour s’ambiancer. Les noms des playlists sur les sites de streaming reflètent bien cela… Du coup, je crée des ambiances. Et c’est une bonne chose : ça permet aux artistes de tenter plus de choses, de ne pas s’enfermer dans un univers bien précis. Sur l’album, seule ma voix et mes affinités servent de fil rouge.

Plus que ta musique, on a l’impression que ton image joue également beaucoup dans ta renommée. Tu penses que c'est ce que l’on attend d'un artiste en 2019 ? D'être avant tout entertainer ?

Il y a des contre-exemples, bien sûr, mais un artiste doit faire attention à son image aujourd’hui. C'est un fait. Même les artistes qui entretiennent le mystère réalisent un gros travail autour de leur image. C’est paradoxal… Je suis persuadée qu’il faut passer par les réseaux aujourd’hui, véhiculer une image très forte, quitte à ce qu’elle prenne parfois le pas sur la musique. Ce sont deux secteurs aussi importants l’un que l’autre.

Sur l’album, il y a un titre qui est surprenant, Beaucoup, où tu chantes en français avec un côté très sixties. C’est un exercice que tu aimerais creuser ?

L’idée de l’album était de me présenter et de montrer de quoi je suis capable. Là, j’avais envie de rendre hommage à des artistes que ma mère écoutait, comme Françoise Hardy. Maintenant que je l’ai fait, je ne me vois pas reproduire un morceau dans la même veine tout de suite. Mais qui sait ? Peut-être qu'en 2060 je sortirai un album de chansons françaises.

J’ai lu que tu rêvais d’une collaboration avec Stromae. Tu l’as déjà contacté ?

Non, mais je connais Orelsan… Il est venu deux fois à mes concerts et est d’un vrai soutien envers ma musique. Je ne le connaissais pas à la base, mais j’ai vite compris qu’il était hyper populaire en marchant avec lui dans la rue. Peut-être qu’il me fera rencontrer Stromae un jour… En tout cas, j’adorerais. C’est un vrai génie, selon moi. Ce qu’il arrive à produire avec ses petites machines, c’est dingue !

On a beaucoup apprécié ton duo avec Blood Orange. Il y a d’autres artistes avec qui tu aimerais collaborer ?

Je n’ai pas l’habitude de faire beaucoup de featurings. Sur mon album, il n'y en a d'ailleurs aucun... Mais faire des morceaux avec The Weeknd ou Ty Dolla Sign, ce serait énorme. Pareil avec YG. J’aimerais me fondre dans sa vibe et amener un peu de français dans le rap américain. Ça pourrait être vraiment cool.

Un des morceaux de l’album s’appelle Ride. C’est quoi ta définition de la ride ?

Pour moi, ça n’a rien à voir avec le fait de prendre la route avec une moto, même si le visuel du clip pourrait le faire penser. Ici, c’est une chanson un peu sexuelle. Je parle d’une fille qui est d’accord pour passer à l’acte, mais qui veut garder le power. C’est elle qui domine, un peu comme dans les chansons de Shakira, de Beyoncé ou de Britney Spears avec Toxic. C’est sexy, c’est intime, mais ça tape comme un morceau de rap.

Merci Lolo. Et rendez-vous en 2060 pour ton album de chansons françaises, dans ce cas ?

Oui, ce sera un beau moment. Promis !