2017 M01 20
« Les Dieux m’ont doté d’une santé fragile et d’un sens hyper aigu de l’anticipation. Menant une vie dangereuse dans un monde dangereux, j’ai donc décidé de prendre mes dispositions pour qu’il n’y ait aucune incertitude le jour où les deux bouts de la chandelle finiront par ne faire plus qu’un.
Au moment de dire adieu à leurs empereurs, les Mochicas plaçaient des objets fétiches dans leurs tombeaux et sacrifiaient leurs femmes et serviteurs pour qu’ils soient bien accompagnés pendant le voyage vers l’au-delà (j’ai parlé de ce point à ma copine qui ne souhaite visiblement pas m’accompagner et je suis toujours à la recherche d’un ingé son prêt à accepter cette clause dans son contrat). Je pense que toutes les sépultures devraient être pensées comme des œuvres qui nous ressemblent. On installera donc la mienne sous le quartier de Miraflores, dans la ville de Lima, au Pérou : il y a là-bas de grands immeubles rétro-futuristes, un excellent spot de surf, des latinas qui font du roller en maillot de bain et surtout, à en croire les archéologues, une excellente connexion avec la plupart des Dieux.
À l’issue d’une grande cérémonie païenne, vous installerez les objets suivants autour de moi (voir stratographie ci-dessus) : une Ferrari Testarossa finition arc-en-ciel réalisée par l’atelier Garage Italia Customs à Milan (l’équivalent de la Joconde dans le monde automobile), une planche de surf, un synthétiseur DX7, une guitare Fender Stratocaster, du chanvre indien, l’intégrale de la Recherche du Temps Perdu de Proust (au cas où le voyage serait plus long que prévu) et un chaton de type persan (qui résisterait à un si petit chat ?).
Maintenant que tout est clair dans l’au-delà, je vous propose qu’on vive l’année qui vient de commencer comme il se doit. 2017 est une chandelle de plus et elle brûlera comme les autres : par les deux bouts. »
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