2020 M05 28
>> Non, pas en festival
Si les acteurs du monde culturel attendent toujours une traduction concrète des mesures annoncées le 6 mai dernier (prolongation des droits pour les intermittents du spectacle, fonds festivals…), d'autres aimeraient comprendre s'il n'existe pas un entre-deux possible entre les festivals de plus 5 000 personnes (annulés ou reportés) et ceux d'une cinquantaine de personnes (autorisés, sous conditions). Quoiqu’il en soit, la situation semble ne pas être amenée à bouger d’ici septembre, et ça a forcément quelque chose de rageant. D’autant plus quand on sait que des évènements comme le Puy du Fou viennent de recevoir le feu vert pour une réouverture à compter du 11 juin…
>> Oui : a priori en extérieur
Interviewé par France Info, le ministre de la Culture Franck Riester s’est dit favorable à l'organisation de concerts en extérieur dès le mois de juin. Avec, en ligne de mire, la fête de la musique : « Je souhaite que celle-ci se tienne, mais sous une autre forme. Depuis nos balcons, en format numérique ou pourquoi pas quelques concerts en extérieur en concertation avec les mairies » Quant aux autres évènements, mystère… À croire que le gouvernement omet complétement le fait que les petits festivals ne peuvent s'adapter d'un jour à l'autre à de nouvelles conditions d'accueil, ni continuer d'avancer à l'aveugle.
Du côté de la SMA, le Syndicat des musiques actuelles, la réponse se veut grinçante : « Comment peut-on annoncer le 15 mai que la Fête de la musique aura bien lieu, que les parcs à thèmes et les lieux de cultes rouvrent, alors que l’ensemble de nos établissements sont fermés au public, qu’aucun atelier de pratiques artistiques de proximité n’est autorisé, qu’aucune équipe artistique n’a pu réellement reprendre son activité, et que la plupart des salles de spectacle ou de concert n’envisagent aucune reprise possible de la diffusion avant janvier 2021 ? »
🔴POUR UNE 𝗡𝗢𝗨𝗩𝗘𝗟𝗟𝗘 𝗗𝗢𝗡𝗡𝗘 EN FAVEUR DES MUSIQUES ACTUELLES
— Syndicat SMA (@SMA_syndicat) April 28, 2020
Les 430 structures adhérentes au SMA doivent faire face à une situation inédite et anxiogène. Voici notre contribution pour un plan de relance essentiel au secteur.
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>> Non, pas en salle
Le fait que de nouveaux concerts soient programmés pour la rentrée de septembre ne doit pas faire oublier l'essentiel : le pessimisme avec lequel les professionnels semblent avancer ces dernières semaines. En cause ? Des mesures sanitaires qui compliquent l'organisation d'un concert à l’heure des distanciations sociales. Dans un entretien au Parisien, Laurent De Cerner, directeur général de L'Olympia, tente une explication : « Economiquement, ce ne serait viable pour personne. Il faut entre 70 et 80 % de remplissage pour équilibrer un concert. Avec 30 % à 40 % de la salle, on en est loin. Et en termes d'ambiance, le résultat serait désastreux. »
Même constat du côté du Grand Mix à Tourcoing : « Qu’est ce qu’on peut faire dans des salles comme les nôtres de mi-juillet à fin août ? Est-ce qu’on pourra accueillir des groupes en résidence, en répétition ? », s'interroge le directeur Boris Collin à La Voix du Nord, avant d'émettre de possibles pistes pour l'avenir : « On aimerait faire du live stream sur scène ; c’est-à-dire sortir Angèle de sa chambre et lui offrir un bon son, des bonnes lumières… Cela nous permettrait de maintenir le lien avec le public. »
C'est oublier en effet qu'une salle de concert est également là pour favoriser le rapprochement social et qu'elle ne peut survivre économiquement en programmant des concerts pour des salles réduites de deux tiers. Sans compter qu'il faut au minimum trois mois aux organisateurs pour préparer correctement la venue d'un artiste, et que les artistes anglo-saxons ont déjà reporté leurs tournées à 2021...