2020 M06 26
De là-haut, Prince doit bien se marrer : décédé voilà quatre ans, il continue comme Bowie à faire parler de lui avec des rééditions et sorties de « nouveaux albums ». Sans que cela ne choque finalement personne. Mais la sortie imminente du coffret XXL dédié au double album « Sign o' the Times », publié en 1987, rebat toutes les cartes industrielles. Il n’est ici pas question d’un simple lifting avec quelques chutes studio, un gentil remastering et une jolie couleur pour la laque vinyle, mais plutôt d’une sorte de renaissance artistique puisque le coffret contiendra pas moins de 45 titres originaux jamais publiés, issus des séances d’enregistrement de « Dream Factory », « Camille » et « Crystal Ball », trois albums des eighties composés à une époque où la créativité de Prince était inarrêtable.
Pour mieux comprendre l’affaire, faisons un saut dans le temps : arrivé au milieu des années 1980, Prince est déjà assis sur un trône grâce aux albums « 1999 » et « Purple Rain » (c’est sans parler du tube Kiss qui sortira en 1986). C’est à cette époque que le roi débute la construction de son studio pharaonique de Paisley Park, près de Minneapolis. Même si le complexe n’ouvrira officiellement qu’à la sortie de « Sign o' the Times », deux ans plus tard, il profite de cette boulimie pour mettre en boite un nouveau projet, « Dream Factory », double album qui est finalement remis dans les tiroirs.
À la place, l’Américain se lance dans l’enregistrement de « Camille », un disque de funk érotique contenant 8 titres aux voies féminines chantées par Prince himself. Là encore, changement de braquet : Prince plaque tout et veut publier un triple album nommé « Crystal Ball ». Sauf que, fatigués de voir la courbe des ventes fléchir, les dirigeants de la maison de disque ne l’entendent pas de la même oreille ; Prince est sommé de dégraisser le mammouth. Ce sera « Sign o' the Times », soit la crème de la crème sur « seulement » 25 morceaux.
En 1998, « Love Symbol » publiera finalement une partie de cette « Crystal Ball », mais il reste encore du jus au fond de la bouteille. Et pas qu’un peu. Voici comment on en arrive à ce Niagara discographique contenant 92 titres d’époque répartis sur 8 CD et 13 vinyles de 180 grammes. Les ayants droit ont donné leur accord, la machine (à sous) peut repartir et on voit difficilement comment les fans pourraient s’en plaindre puisqu’ils pourront enfin découvrir les sons derrière la mythologie des albums jamais publiés – soit 45 titres enregistrés entre mai 1979 et juillet 1987. Petit bonus pour ceux qui auraient estimé que ça ne suffisait pas : le coffret Deluxe contient également un live au Stadium Galgenwaard d'Utrecht, aux Pays-Bas, ainsi que le live du nouvel an 1987 à Paisley Park, avec le patron Miles Davis.
Voilà donc un cadeau princier dont le prix est bien salé (270 euros pour la totale). Les plus rapides ont eu la chance de commander l’un des 2000 coffrets 7 pouces édités sur le label de Jack White, Third Man. Les autres devront attendre septembre pour se laisser tenter, au choix, par l’éddition Super Deluxe (8 CD + DVD / 13 LP + téléchargement et streaming uniquement audio / DVD), l’édition Deluxe (vinyle 3CD / 4 LP 180 g / téléchargement et streaming) ou l’album remasterisé (2 CD / 2 LP 180g / téléchargement et streaming).
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