2019 M11 7
Faites un cygne. Arrivé à la fin de leur contrat avec leur label en 1973, Led Zeppelin a eu un choix à faire : rester avec Atlantic Records ou voler de ses propres ailes, comme les Beatles l’ont fait avec Apple ou les Rolling Stones. Mais à l'inverse des deux groupes phares de l'époque, Led Zeppelin souhaite également signer des artistes et des groupes. Ce n'est pas qu'une décision financière.
Le manager du groupe, Peter Grant, tente alors un coup de génie : continuer d’être distribué par le label d’Ahmet Ertegün tout en ayant sa propre structure, baptisée Swan Song. Le deal est accepté et Led Zeppelin peut donc commencer à faire briller des artistes que les gros labels ne veulent pas signer. Avec, tout de même une condition : « Nous recherchons des personnes qui savent où elles vont. » Comprendre : les Anglais ne seront pas derrière les groupes à leur dire quoi faire. Le but de Swan Song n’est pas de devenir une major, mais d’avoir quatre ou cinq artistes qui sortent du lot. Les festivités commencent avec trois grandes fêtes pour célébrer la naissance du label à New York, Los Angeles et Londres, avec des flamants roses, des colombes et des cygnes.
Des bons débuts. La première signature ? Maggie Bell, considérée comme la Janis Joplin britannique. Son premier album sur le label (« Suicide Sal ») sortira deux ans après sa signature en 1975. Swan Song met également la main sur Bad Company formé par des anciens membres de Free, King Crimson et Mott the Hoople. Le premier album éponyme, qui est aussi le premier disque que sort le label, est un succès, et devient le 46e disque le plus vendu de la décennie 1970.
Le label arrive aussi à convaincre les Pretty Things de les rejoindre. Ils partent enregistrer un disque à Headley Grange (là où Led Zep a façonné « Led Zeppelin III », « IV » ou « Houses of the Holy »). Mais le studio a été partiellement détruit par Bad Company avant eux, et ils doivent notamment dormir par terre. Malgré tout, l’album « Silk Torpedo » des Pretty Things rencontre son public (pas autant que Swan Song l’espérait, cela dit) tout comme l'irrégulier « Physical Graffiti » de Led Zeppelin en 1975.
Une épopée. Mais autant être clair : la suite ne sera pas aussi brillante. La plupart des artistes signés sur Swan Song sont dispensables et ne connaîtront pas la gloire, comme Dave Edmunds, Mirabai, Detective ou encore Sad Café. À la fin des années 1970, les Américains n’ont plus la même motivation qu’en 1973 pour trouver des nouveaux groupes. Pourtant, Page et Plant avaient en tête de racheter Sun Records et Chess Records, alors en vente.
Malgré tout, Led Zep continue de sortir ses propres disques (« Prescence » et sa pochette magnifique, « In Through the Out Door » et « Coda »). Le label publie aussi la B.O. de Jimmy Page pour le film Un justicier dans la ville 2, ainsi que le premier album solo de Robert Plant « Pictures At Eleven ». Swan Song s’arrête en 1983, trois ans après la séparation du groupe le 4 décembre 1980, quelques semaines seulement après la mort du batteur John Bonham.