2022 M03 21
Est-ce que ce sera la bonne ? À 42 ans, le new-yorkais Nicholas Britell cumule déjà trois nominations pour l’Oscar de la meilleure musique. Signe de sa fulgurante ascension, la première date d’il y a seulement six ans, avec Moonlight. Deux ans plus tard, c’est auprès du même réalisateur, Barry Jenkins, qu’il était nominé pour Si Beale Street pouvait parler. Quant à la troisième, elle lui vient d’une autre collaboration de longue date, avec Adam McKay cette fois, et l’énorme succès Netflix Don’t Look up. Une reconnaissance forte, à laquelle on peut ajouter un Emmy pour la série Succession. Et qui s’explique par la versatilité du compositeur, capable de citer autant Rachmaninoff, Philip Glass ou Vangelis que Dr. Dre ou J Dilla parmi ses influences.
Pur produit de New York, il a fait des études musicales à la Juillard School puis Harvard. Là, il fait des rencontres déterminantes. Outre sa future épouse, il y monte un groupe de hip-hop, jouant en première partie de Jurassic 5 ou Blackalicious. Il réalise également ses premières musiques de films, pour des amis, et croise également la route de Natalie Portman. Plus tard, alors que la comédienne se lance dans la réalisation, elle fait appel à lui pour la musique originale. Ce sont les débuts au cinéma de Britell, qui participe ensuite à d’autres films indépendants, avant un premier succès grand public via 12 Years A Slave en 2013. Si la musique du film est signée Hans Zimmer, Britell réalise celle jouée directement devant la caméra, comme lorsque le protagoniste joue du violon, ainsi que plusieurs negro spirituals ou work songs.
C’est par le producteur du film qu’il rencontre ses principaux collaborateurs : Adam McKay puis Barry Jenkins. Avec eux, Britell démontre sa volonté de collaborations à long terme, puisqu’on le retrouve derrière tous leurs projets, films comme séries. C’est également comme cela qu’il décroche la composition pour la série Succession, dont McKay réalisait le tout premier épisode. Cette fidélité s’explique aussi par la méthode de travail du compositeur, qui cherche avant tout une grande proximité avec son réalisateur. Toujours avec McKay, il a ainsi pris l’habitude de composer directement aux côtés du réalisateur et son monteur. Ce qui lui permet de s’adapter en direct à toutes les demandes.
Et c’est bien cette capacité d’adaptation qui fait sa force. Son parcours l’a mené à étudier classique, jazz et hip-hop, dans lesquels il puise ainsi à l’envie. Il prouve également cette versatilité à travers l’écriture de chansons pour les films. Don’t Look Up fait ainsi figure d’œuvre somme pour le musicien, avec une chanson créée pour Ariana Grande et Kid Cudi, mais surtout une musique originale tout à la fois orchestrale et jazzy. Au-delà de sa versatilité, il s’y montre capable de croiser toutes ces influences, sans jamais paraître cliché. Car il fait partie d’une génération de compositeurs pour qui il est naturel d’effacer toute barrière entre les styles. Pour garder le groove intact.
Don't Look up (Netflix) et Succession (OCS) sont à regarder sur CANAL+. Et pour la cérémonie des Oscars 2022, ça se passe aussi sur CANAL+.