2018 M06 6
« Welcome to Jurassic Park ». La scène est aujourd’hui inscrite au patrimoine cinématographique mondiale : au cœur de Jurassic Park, les docteurs Alan Grant (Sam Neil) et Ellie Sattler (Laura Dern) et le mathématicien Ian Malcolm (Jeff Goldblum) sortent de leur Jeep et restent bouche bée face aux animaux qui défilent sous leurs yeux : des brachiosaures. Des vrais. Ceux que John Hammond a souhaité regrouper sur une même île.
Le plan est parfait, le jeu d’acteur aussi. Mais que dire de la composition qui accompagne cette découverte ? Rien, sinon que ce Main Theme from Jurassic Park orchestré par John Williams fait parfaitement sens avec l’ambition initiale : « Capturer la beauté impressionnante et la grandeur des dinosaures dans la nature. »
Les mystères de l’île. Ce n’est bien évidemment pas la première fois que le compositeur américain et Spielberg travaillent ensemble (Les dents de la mer, Indiana Jones, E.T. l'extra-terrestre), mais là, en février 1993, la collaboration se fait avant tout à distance. Trop occupé par le tournage en Pologne de La liste de Schindler, Spielberg (qui, selon la légende, n’aurait accepté de tourner Jurassic Park à cette époque que dans l’optique de pouvoir réaliser son œuvre sur la Shoah) accepte en effet de n'écouter que des démos au piano d'un John Williams souffrant d'un terrible mal de dos pendant les sessions d'enregistrement. Et donc grandement aidé pour l'occasion d'Artie Kane (proche collaborateur d’Henry Mancini ou Quincy Jones), chargé de suppléer le compositeur-star au sein des studios de Sony en Californie.
Symphonie d’un autre temps. En un peu plus d'un mois, tout est bouclé : la B.O. de Jurassic Park et particulièrement ses deux thèmes majeurs, Main Theme from Jurassic Park et Journey To The Island, sont des compositions élégantes, gracieuses, qui prennent le temps de dévoiler toutes leurs nuances au fil des minutes. Et qui, surtout, permettent à John Williams de « provoquer un sentiment de crainte et de fascination chez le spectateur ». Un peu comme les dinosaures, finalement.
Maestro. Les bois, la musette, le shakuhachi (une flûte chinoise), les cordes ou encore les percussions : tout est fait pour recréer de l’émerveillement, selon la formule employée à l’époque par John Williams. Mission accomplie : 25 ans après sa conception, et alors que Jurassic World débarque en salles, la B.O. de Jurassic Park provoque toujours la même réaction que celle du docteur Grant et ses comparses face à la découverte des dinosaures. De la fascination, donc.