2020 M09 11
On le concède : on peut voir des parallèles même quand il n’y en a pas. Après la sortie du film, le controversé Juan Branco voyait dans le blockbuster une « ode aux luttes insurrectionnelles et aux gilets jaunes ». Mais celui avec le mouvement punk, aussi bien en Grande-Bretagne qu’aux États-Unis, n’est pas une formule annoncée à la va-vite pour faire le buzz. Elle se base sur les inspirations des réalisateurs, notamment Phillips et Nolan, pour ce rôle si spécial.
Commençons par Christopher Nolan. Avant de nous prendre la tête avec Tenet, l’Anglais s’est attaqué à un personnage emblématique d’Hollywood : Batman. En 2008, il sort The Dark Knight: Le Chevalier Noir. Pour le Joker, joué par Heath Ledger, Nolan conseille à son acteur de s’informer sur un personnage synonyme du mot punk : Sid Vicious, le bassiste junkie des Sex Pistols (il lui donne aussi une autre référence : Malcolm McDowell d'Orange Mécanique). Pour Nolan, c’est le clash entre les générations, la rébellion, les punks et la peur de l’anarchie qui doit guider ce Joker ainsi que le récit narratif du film. Un « anarchiste avec une sensibilité punk » disait Nolan. Puis il y a cette scène devenue mythique, sur l'un des airs les plus grandioses de Gary Glitter qui, sans être vraiment un briseur de bouteilles, n'était pas non plus du genre ballerine.
Pour Todd Phillips aussi, le punk n’est pas très loin. Déjà, le réalisateur a fait ses débuts avec un documentaire sur le plus dégénéré des punks : GG Allin (allez voir sur YouTube ça vaut le détour). Mutilation, coprophagie, déviances sexuelles, drogues, bagarres… dans Hated: GG Allin and the Murder Junkies, tout y passe. Bref, après le visionnage de Joker, certains ont vu dans la performance de Joaquin Phoenix des similitudes avec GG Allin. Les deux se sentent comme des « entertainers » et utilisent la scène pour des actes violents, qui ne prennent sens que devant une audience. D’ailleurs, le réalisateur commence son documentaire avec ces mots : « GG Allin est un showman avec un message pour une société malade. »
Dans un article publié sur Slate, le journaliste revient sur une citation de Phillips à propos de GG Allin dans laquelle il avouait avoir toujours espéré que l’artiste « se suicide sur scène ou tue 5 personnes dans le public : un acte que le rock’n’roll n’aurait jamais oublié ». 26 ans plus tard, comme le précise Slate, il réalise un film où la mort prend un sens amusant. Impossible donc de ne pas voir dans son Joker une partie de GG Allin.
Quoi qu’il en soit, le Joker est devenu, entre les mains des réalisateurs, un personnage d’une complexité rare. Le film de Phillips est, à ce niveau, un must see.
Le film est disponible dès le 11/09 sur CANAL+.