2018 M06 26
La drogue, vieille addiction de la pop culture. Presque aussi vieille que le mot « pop », la drogue a accompagné chaque génération de musiciens depuis les années 1960, et elle est en partie responsable de la « coolisation » de certains de vos musiciens préférés qui, sans le savoir la majeure partie du temps, ont joué un rôle dans sa propagation. On pense à Bob Marley (forcément), les Beatles (le LSD de Lucy in The Sky with Diamonds), Clapton (le célèbre Cocaine) ou même Nirvana (Lithium). Tout ceci serait évidemment plus drôle si ce n’était qu’un jeu mais en général, il y a des morts sur le carreau. C’est le cas depuis quelques années avec le Fentanyl, une drogue 50 fois plus puissante que l’héroïne dont elle est un dérivé synthétique, et pourtant moins chère dans le commerce. Prince, Tom Petty, l'ancien guitariste de Wilco Jay Bennett, le bassiste de Slipknot Paul Gray, tous y sont passés. Mais pourquoi ?
L’héroïne retombe dans les charts de la drogue. Longtemps, la drogue préférée des musiciens fut l’héroine. Un certain « romantisme » semblait planer autour d'elle ; peut-être parce qu'elle avait tué Jim Morrison, Janis Joplin, Tim Buckley, Sid Vicious ou même Kurt Cobain (suicidé, certes, mais avec une bonne dose dans les veines). Mais depuis une dizaine d’années, et avec le décès de Michael Jackson des suites d’une overdose médicamenteuse (Propofol et benzodiazépine), la scène a vu apparaître de nouveaux produits anesthésiques censés calmer plutôt que faire planer. C’est le cas du Fentanyl.
[mort de #Prince] Son corps avait une concentration "très élevée" de l'#opiacé #fentanyl, selon un rapport de #toxicologie. Aujourd’hui, soit 2 ans plus tard, L'APress a révélé combien de Fentanyl Prince avait consommé. Et c'est une dose de cheval. https://t.co/kS4nlSwBND
— Pharmaradio (@pharmaradio) 30 mars 2018
La fin des drogues de « confort ». Apparu fin des années 1950, initialement pour soulager les malades du cancer, le Fentanyl tue désormais silencieusement, mais pas lentement. Rien qu’en 2016, 20 000 Américains sont morts des suites d’une overdose, soit deux fois plus qu’en 2015 comme le rappelait récemment Le Monde. Aujourd’hui, quelque 2 millions d’Américains seraient addicts, et les musiciens ne font pas exception. Ce que personne ne sait, c’est que 2 mg suffisent pour tuer le consommateur ; nettement moins que pour une overdose à l’héroïne.
Il aura hélas fallu que Prince ou Tom Petty – tous deux y ayant eu recours pour calmer des douleurs liées à un mode de vie extrême – pour médiatiser ce médicament « à la mode » qui, pourtant, ne fait pas de quartier. Pourquoi à la mode ? Parce que le Fentanyl endort la fatigue de tournées sans fin et, à défaut de guérir, souligne l’état de fatigue dans lequel se trouve une partie du star system, condamné à jouer encore et encore. Comme le rappelle Rolling Stone dans un papier, Tom Petty, par exemple, a enquillé 53 dates avec de fortes douleurs d'une fracture à la hanche gauche. Que faire dans ces cas-là ? Idem pour Prince, souffrant depuis des années d’un rythme de vie surhumain où chaque prestation pouvait durer de deux à trois heures, sans compter les aftershows. Et quand la jeunesse, incarnée par Lil Peep, sombre dedans, c’est coupé avec du Xanax, pour oublier.
▶️ 100 fois + PUISSANT que la #MORPHINE
— Something Alive 💿 (@SomethingIsBT) 31 janvier 2018
▶️ 50 fois + PUISSANT que l'#HÉROÏNE
👉Voici le #FENTANYL, la nouvelle DROGUE qui ravage les USA, et qui vient de tuer #doloresoriordan , la chanteuse des #cranberries 💉https://t.co/yNI0onpYwW
La drogue du burn out. À l’inverse de la Lean, cette drogue buvable fortement appréciée par les rappeurs comme Lil Wayne ou Bieber, le Fentanyl a tout l’air d’être devenu la drogue du burn out ; le médicament qu’on consomme juste avant de mourir, quand on est sur les rotules mais qu’on n’a plus la force pour monter sur scène. Et le pire dans tout ça, c’est qu’un récent rapport semblait prouver que Prince avait pris du Fentanyl par erreur, pensant qu'il s'agissait d’un antidouleur bien moins puissant. Avant que d’autres noms ne suivent, il serait donc peut-être temps de verrouiller l’armoire à pharmacie à double tours. Puis soigner la tête, plus que le corps, de nos musiciens préférés.
Crédit photo : The Daily Beast