L'histoire de Cercle, la plateforme incontournable du live électronique

Le concert donné récemment par The Blaze depuis l'un des sommets mythiques des Alpes est venu le rappeler avec force : Cercle n'a pas son pareil pour filmer les musiques électroniques. Cela fait quatre ans que ça dure, et la plateforme française semble avoir envie de repousser toujours plus loin les limites de la scénographie et de la retransmission live.

On est en 2016, soit quelques mois avant l’apparition des lives Facebook, et le concept proposé par Cercle se révèle à la fois simple et original : capter les performances lives données depuis des lieux insolites par des grands noms des musiques électroniques, valoriser le patrimoine français (mais pas que !) et permettre aux spectateurs de discuter par chat pendant la diffusion du concert.  

À l'inverse de Boiler Room, dont les évènements se déroulent à l’origine dans la chaufferie d’un club, Cercle se démarque par le jour traditionnellement réservé à ses concerts (le lundi !), ainsi que par les lieux choisis : au milieu de l'eau à Tahiti pour Mome, sur la Hudson River pour Maceo Plex, dans un Igloo aux Arcs pour Molecule, etc. Avec, à chaque fois, des scores aptes à faire saliver n’importe quelle boite d’évènementiel : pensons aux 2 millions de vues pour le live donné en direct par Kölsch depuis la Tour Eiffel, à Fatboy Slim qui, grâce à son DJ Set au sommet de la British Airways i360, a réuni plus de 18 millions de Youtubeurs, ou encore au concert de Boris Brejcha organisé depuis le château de Fontainebleau et vu plus de 28 millions de fois sur YouTube.

À la base, Cercle n'est qu'une petite équipe : Derek Barbolla, le fondateur, et quatre employés à temps plein chargés de la programmation, de la communication, de la direction artistique et de la technique. Tous étaient déjà là à l'époque où Cercle n'était encore qu'une webradio spécialisée dans l'actualité des soirées. Tous ont eu envie de faire muter la marque en une société de production audiovisuelle, et tous ont fini par comprendre que le live-stream était un terrain de jeu à défricher, quitte à parfois retransmettre des concerts grand public (celui de Kendji Girac à Berçy, par exemple) afin de pérenniser le business model.

« Les autres vidéos que l’on réalise, les sponsors et l’aide de certains lieux qui nous accueillent : c’est comme ça que l’on se paye, détaille Derek Barbolla dans une interview à Tsugi. Certains concerts sont payants pour le public, mais ce n’est jamais cher : au mieux, cela nous permet de rembourser l’émission. On ne gagne jamais d’argent avec ça - d’autant que si le lieu appartient à l’Etat, on n’a tout simplement pas le droit de mettre en place une billetterie. » Du côté des artistes, en revanche, on ne voit que du positif : créer un événement en partenariat avec Cercle, c’est encore le meilleur moyen d’agrandir son audience et de se faire repérer par des professionnels du spectacle. Ce qui explique sans doute pourquoi, de Nicolas Cruz à Peggy Gou, de FKJ à Breakbot, en passant par Max Cooper ou Para One, la programmation brasse large.

Dernièrement, deux évènements sont venus rappeler l’importance prise par Cercle en à peine quatre années d’existence. Un : le 3 mai dernier, quelques jours à peine après avoir annoncé une émission tournée sur l'Arc de Triomphe avec Bob Sinclar, la plateforme a été contrainte de reporter l'évènement, les organisateurs et l’État craignant un afflux trop important de spectateurs. Deux : le live de The Blaze réalisé au sommet de l'Aiguille du Midi, à 3842 mètres d'altitude, et déjà vu plus de 2 millions de fois sur Facebook depuis sa mise en ligne le 25 mai.

À l'image de Colors, Boiler Room ou encore Be-At TV, Cercle est de toute façon habitué aux gros coups. Si l'activité de Drop Music, sorte de déclinaison hip-hop/pop du concept original, semble pour le moment à l’arrêt, la deuxième édition du Cercle Festival est prévue pour le 10 octobre prochain avec un line-up impressionnant (Etienne De Crécy, Charlotte De Witte, Acid Arab, Agoria, Black Coffee) et un lieu une nouvelle fois atypique : le Musée de l'Air et de l'Espace au Bourget. Histoire de rappeler que, oui, malgré le succès, la hype et la concurrence toujours plus forte, l'objectif reste le même : « Faire découvrir de nouveaux lieux grâce aux artistes, et vice versa ».

Crédits photo : Cercle.