Une journée de stage chez Pan European

  • Avec Koudlam, Flavien Berger, Poni Hoax ou encore Nicolas Ker et Arielle Dombasle, Pan European est l'un des labels les plus excitants du moment. Pour mieux comprendre, on a passé une journée chez eux en tant que stagiaire.

    10h05. J’arrive rue de Clignancourt. On retiendra que Pan European est installé dans le « triangle d’or » de la musique électronique parisienne, puisqu’à deux pas se situent le label Records Makers (Tellier, Scratch Massive, Kavinsky, Turzi…) et l’agence de promo Phunk (Nicolas Jaar, Concrete, De Crécy, Tiga…) dont les bureaux appartenaient à FCom, le label de Laurent Garnier.

    10h10. Dix minutes de retard. Bon, je suis bien à la bonne adresse.

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    10h11. Bonjour tout le monde. Je fais connaissance avec mes collègues : Gillian, qui s’occupe de la promo, Élodie, à la com’ et Maud, en charge de l’administratif.

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    Pour l’instant, Arthur Peschaud, le boss des boss, celui qui a créé le label avec Turzi en 2006, n’est pas encore arrivé. Du coup, je me roule un peu les pouces. Selfie.

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    10h30. « Ambiance détendue mais studieuse. » Ça gère des demandes d’interviews de Flavien Berger au Pitchfork et des références pour le premier album de Maud Geffray. Je comprends également que le point d’orgue de cette journée sera le concert de Nicolas Ker et Arielle Dombasle au Grand Palais. Petite panique tout de même : on ne m’a toujours pas réquisitionné pour préparer des cafés. Maud me demande si je peux aller poster 5 CD de « Elasticity », le premier (et très bon) album de Buvette, au FCM (Fonds pour la création musicale). Elle m’explique que le label fonctionne pas mal grâce aux subventions et que cet envoi sert à les justifier.

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    11h. Arthur est là.

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    Ah, une mission pour moi : « Hey stagiaire, tu peux me faire une playlist de variété italienne bien crade des années 1980, genre gomorra/gomina. En fait, on est en train de bosser sur le nouveau morceau d’Étienne Jaumet et de Flavien Berger qui sera sur notre compilation « Voyage 3″. Flavien chante en espagnol, mais on a envie de retrouver cette intention « Fiat Punto ». Pour l’instant, le morceau est encore trop propre et pop, c’est pour ça que je te demande ça. » Voyage en terre inconnue. Par « Fiat Punto », je capte qu’on me demande un truc plus « raw » ; faut que ça sente le gel et l’intérieur cuir, avec plus de pompe. L’exercice « Umberto Tozzi » est un peu délicat, mais je fais de mon mieux.

    11h49. Arrivée de Buvette.

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    On dérive sur la variété française. On s’enchaine des morceaux de William Sheller, Véronique Sanson et Bernard Lavilliers. Buvette me confie qu’il aimerait bien réaliser un clip avec Jean-Pierre Mocky. Et puis on se concentre sur les premiers morceaux du nouveau premier album de Maud Geffray, des morceaux beaux et obscurs sur lesquels elle plaque sa voix éthérée (et là, bizarrement, je pense à Enya).

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    13h. Faim. Comme tout bon stagiaire, je vais chercher les pizzas. Oui, on reste cohérent avec la ligne Fiat Punto.

    13h30. Repas…

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    … En regardant un documentaire en allemand sur Michael Cretu, le fondateur d’Enigma.

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    Avec ma pizza quatre fromages, je fais un premier bilan de cette matinée. J’en conclus d’abord qu’avoir les cheveux longs est un plus pour s’intégrer. Je déduis surtout que ces premières heures passées sont l’exacte métaphore de la direction artistique du label : entre variet’ italienne, Andrew Weatherall, chanson française recherchée et new-age teutonne, on navigue dans différentes zones d’inspirations qui, sans à priori, font le polymorphisme classieux du label.

    14h. Départ avec Arthur pour leur studio d’enregistrement au Point Éphémère. Objectif : écouter et ré-écouter le morceau de Flavien et Étienne Jaumet. Faire part des modifications. Gérer les retours. Sur la route, Arthur me confie que son rôle en tant que label manager est surtout sociologique : son boulot est de sentir la tectonique des plaques qui régit notre inconscient collectif.

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    Le studio mythique de Pan European.

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    14h30. En attendant la maquette « Fiat Punto », Arthur s’envoie une demi-douzaine de morceaux qu’il écoute jusqu’à dix fois d’affilée chacun.

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    Là, le nouvel album de Poni Hoax, dont le titre « All The Girls » m’inspire un western tourné en Thaïlande. Pour lui, pas de doute, « c’est leur meilleur album, le plus pro, le plus maîtrisé ». La bière est bonne. La musique aussi.

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    15h30. Je profite de ce tête-à-tête pour poser quelques questions. Normal, lorsqu’on est un stagiaire zélé.

    Sur l’éclectisme affirmé du label, Arthur précise : « On ne veut surtout pas être un label de niche. D’ailleurs, je rêverais de signer un groupe de zouk. Le mot est galvaudé, mais je fonctionne au coup de foudre. Je n’écoute jamais les démos que l’on m’envoie, mes rencontres, elles se font dans le réel. On entame actuellement un nouveau cycle, avec une nouvelle jeunesse, comme Flavien ou Cédric Buvette. Ma génération [il a 36 ans, ndlr] était sans doute plus dans la rêverie. Eux, sont dans un « faire » très immédiat et le « Do It Yourself ». »

    Je retiens enfin que pour lui, « les véritables icônes sont les disques » et qu’il se contrefout des « ayatollah de l’underground ».

    16h. Je commence à vraiment bien m’entendre avec mon maître de stage. Il reçoit la nouvelle version de « Fiat Punto ». On l’écoute cinq, dix, quinze fois. Arthur est satisfait des modifications mais ce n’est pas encore parfait.

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    17h. Petite pause au bar.

    18h. Départ pour le concert de Nicolas Ker et Arielle Dombasle au Grand Palais dans le cadre de la « Noche de los Muertos ». C’est un peu le boxon, apparemment, il nous faut nos cartes d’identité pour rentrer. On fait ce qu’on peut avec l’ordinateur d’Arthur.

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    18h30. Backstage avec Nicolas Ker. On s’échange quelques paroles sur Lovecraft.

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    18h35. Belle brochette Ker, Dombasle, Chazal.

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    20h35. Fin du show. Plus de batterie. Je suis un stagiaire perdu dans la foule. De toute façon, ma journée est finie, il est temps de rentrer chez moi manger des pâtes…

    Ce que j’ai retenu de ma journée de stage ?

    Cette journée de stage a été très enrichissante car elle m’a permis de découvrir dans le détail le quotidien d’un label indépendant, avec ses acteurs et ses contraintes. J’ai participé à ses enjeux au travers de missions variées comme celle de poster des CD de Buvette, établir une playlist de variété italienne des 80’s, assister à la DA d’un morceau, se cuiter au concert de Nicolas Ker/Arielle Dombasle. Fort de cette expérience, j’aimerais beaucoup par la suite essayer de m’orienter, via un prochain stage, vers une autre entreprise du même secteur, afin d’approfondir mes acquis.

    http://www.paneuropeanrecording.com/

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