2017 M08 21
Un album de famille. D’abord, une vérité : « Be Here Now » n’est pas le meilleur album d’Oasis. Moins surprenant que « Definitely Maybe », plus complaisant et prévisible que « (What’s The Story) Morning Glory? », ce troisième forfait est celui d’un groupe qui n’a plus rien à prouver, qui se contente d’une formule déjà bien éculée et qui a visiblement une trop grande confiance en soi – « Peu importe ce qui se passera maintenant, parce que même si je trébuche, vous n’oublierez jamais mon nom », chante d’ailleurs Noel Gallagher sur I Hope, I Think, I Know.
Rock’n’roll attitude. Mais l’aîné de la famille peut dire ce qu’il veut, même prétendre en interview que « Be Here Now » n’est qu’un disque de « gars cokés dans un studio et qui n’en ont rien à foutre », il est de notoriété publique que tous les éléments étaient réunis à l’époque pour faire de ce troisième album un immense succès. La médiatisation des frères Gallagher, déjà, qui multiplient alors les apparitions dans les grands médias britanniques, acceptent les invitations de Tony Blair et passent leurs vacances aux côtés de Johnny Depp (présent à la guitare sur Fade In-Out) et Kate Moss dans la villa de Mick Jagger sur une île des Caraïbes.
« Oasismania ». Il y a aussi, et surtout, tout le boulot accompli par leur équipe de management, Ignition, qui tient à l’écart les responsables de Creation Records et veille à ce que la presse spécialisée n’ait pas accès à l’album avant sa sortie — une méthode devenue courante aujourd’hui, mais qui, en 1997, étonne, intrigue et a pour mérite d’alimenter les fantasmes de millions de fans plongés en pleine « Oasismania ». Ce sont ces mêmes fans qui, le 21 août 1997, auront la bonne idée de foncer chez leurs disquaires et termineront de faire d’Oasis l’un des groupes les plus importants de l’histoire. L’un des rares, en tout cas, à avoir vendu plus de 400 000 albums en une journée au Royaume-Uni.