2020 M05 8
On peut dire que le dernier album des Beatles, "Let it be", et malgré son nom baba, n'a pas été de tout repos. Même pas sorti que déjà les fans du début des années 1970 savent que l'histoire est terminée. Rancoeurs, amertume, combats d'égo, lassitude aussi : les Anglais ne se sont rien épargné.
Et c'est alors que ce douzième et dernier album doit sortir officiellement le 8 mai 1970 mais que Paul McCartney annonce, un mois avant, la sortie de son premier solo. Par l'intermédiaire d'un communiqué de presse où il s'auto-interviewe, Macca douche les derniers espoirs : il quitte les Beatles. Et cela est la conséquence d'un aveu de Lennon fait au groupe quelques mois plus tôt : lui aussi en a marre.
Sur ces querelles internes, rien ne sortira dans la presse entre septembre 1969 et mai 1970. Mais le secret d'alcove va rapidement se répandre sur la planète et devenir l'une des annonces les plus tragiques (quoique compréhensible) de la pop culture. Pourtant, souvent qualifié d'album rafistolé, "Let it be" contient quelques belles surprises, comme Get Back et Dig a pony. Sans oublier les deux compositions de George Harrison (I me mine et For you blue), de plus en plus à l'étroit dans le meilleur boys band de tous les temps. Du reste, il n'est plus le seul à le penser : Lennon aurait déclaré que "Let it be" lui laissait un souvenir atroce et terrible et qu'arrivé au moment de l'enregistrement, ils n'étaient tout simplement plus capables de jouer ensemble. Bonne ambiance.
Tout cela n'est pas complètment faux. Tous les titres de l'album ont en réalité été enregistrés comme les récents Star Wars, pas dans l'ordre chronologique. "Let it be" est d'abord un disque capté en janvier 1969, avant "Abbey Road" (qui sera publié en septembre de la même année). Voilà pourquoi selon les puristes, ce n'est pas vraiment le dernier.
Mais trêve de bavardage, "Let it be" reste néanmoins le disque épitaphe et qui, surprise, redonne des signes de vie 50 ans après. Le réalisateur du Seigneur des anneaux, Peter Jackson, a prévu la sortie d'un film documentaire sur ce disque prétendument vécu comme un massacre humain - entre les membres - alors que la réalité serait semble-t-il plus nuancée. Le docu en question, The Beatles: Get Back, sortira le 4 septembre en s'appuyant sur 50 heures de rushs et 140 heures d'enregistrement audio, preuve qu'on n'en a pas encore fini avec l'enterrement des Beatles.
— Paul McCartney (@PaulMcCartney) March 11, 2020
Sans transition, il reste évidemment la chanson éponyme, abominable ou magique selon qu'on aime ou déteste McCartney; un titre qui lui serait venu en rêve en pensant à sa mère, décédée quand il avait 14 ans. Cruelle coincidence : la date de sortie de ce dernier album coincide avec la fête des mères.