Il y a 30 ans, Bill Wyman quittait les Rolling Stones

Le discret bassiste anglais, qui a rejoint les Stones en 1962, a officiellement quitté ses fonctions de bassiste dans le « plus grand groupe de rock au monde » en décembre 1992.
  • Bill, c’est souvent le dernier prénom prononcé quand on pose la question : « quel est ton Stone préféré ? ». Et on vous comprend : le bassiste anglais, plus âgé, plus sérieux, plus stoïque et globalement moins marrant que la paire Jagger-Richards, n’a pas pris la lumière. Il ne la voulait pas, donc ça tombe bien. Mais le garçon a quand même eu le courage de quitter les Stones en décembre 1992 après 30 années de loyaux services. Et rien que pour ça, on peut l’applaudir.

    Au départ, William George Perks (au civil) est né en 1936 et rien ne le destinait à marquer l’histoire du rock. À l’armée, il étudie les mathématiques (statistiques, tableaux de calculs, graphiques, etc.). Au moment où il rencontre les bonhommes qui vont devenir les Rolling Stones, Bill a déjà une vie bien rangée. Il est plus âgé (d’environ sept ans). Il est marié. Il a un enfant de huit mois. Mais celui qui a découvert le rock en Allemagne avec Elvis Presley va prendre un chemin plus cabossé fait de concerts à travers le monde, de fans hystériques et d’une vie de rockstar aux antipodes d’une vie d'employé de bureau. Même s'il n'était pas le plus déjanté de la bande.

    Au sein du groupe, Bill était considéré comme « l’archiviste ». Celui qui collectionnait méticuleusement toutes les affiches, les coupures de presse, les habits, les photos, les tickets de caisse ou encore les prospectus en lien avec le groupe. Au moment d’écrire ses mémoires (Stone Alone, 1990), le bassiste savait exactement ce qui se passait jour après jour. « Ce n'était pas juste des ouï-dire. J’avais les faits. Je savais exactement quel jour et à quelle heure, s'il pleuvait et tout », raconte Bill dans une interview pour le LA Times. Bill, un geek ? En quelque sorte, oui. Il a été le premier Stone à posséder un ordinateur dès 1981 (un Apple importé des États-Unis). Mais l’homme tient ça de sa grand-mère, qui l’a en partie élevé, et qui était une collectionneuse de timbre et de pièces de monnaie. À noter qu'il était aussi moins partant pour aller aux bringues, pour se remplir le pif de cocaïne et pour vivre une vie de débauche.

    Bill était également connu pour avoir un appétit sexuel relativement grand — on dit qu’il a couché avec plus de 1000 femmes dans sa vie. Il s’est marié à plusieurs reprises, il a épousé une jeune femme de 18 ans (Mandy Smith) quand il en avait 52. Leur relation avait débuté quand Mandy avait 14 ans. Sans surprise, cette relation a été un échec. Depuis 1993, il est marié avec Suzanne Accosta. Ils ont eu trois filles. 

    Mais voilà : au bout de 30 années, Bill en a eu marre. Marre de la pression et des tournées. « En jouant avec les Stones, il y avait toujours une telle pression. L'album ou le single suivant devait toujours être le meilleur, ou au moins se vendre davantage », expliquait le bassiste au Telegraph en 2008, avant de poursuivre : « Quand j'étais en tournée avec les Stones, il me fallait un mois pour répéter toutes ces chansons que nous jouions depuis 30 ans. » La flemme. En novembre 1991, il refuse d’ajouter son nom sur un contrat avec Virgin, pour trois albums. Un contrat à plus de 40 millions d’euros. Keith lui dit qu’il s’assoit sur un paquet de fric s’il se barre. Le groupe espère que Bill changera d’avis alors rien n’est annoncé, dans l'attente. Mais à 56 ans, sa décision est prise : en décembre 1992, il annonce aux autres qu’il se tire. Le 6 janvier 93, il le confesse publiquement lors d’une interview à la télévision. 

    Les Stones finissent par accepter sa décision. Ils restent alors en bons termes, du genre à s’envoyer des cartes de temps en temps. En 2012, il rejoint ses anciens potes sur scène pour les 50 ans du groupe. Mick Taylor est là aussi. « J'avais l'impression que j'allais vraiment m’impliquer. Mais quand on y est arrivé, ils m’ont dit que je n'allais jouer que deux chansons, ce qui était très décevant », a avoué Bill en 2013 dans une interview au Huffington Post. Personne ne lui aurait dit quels morceaux il allait jouer et il n’aurait pas participé aux balances. Avec le temps, en général, de l’eau coule sous les ponts. Mais pas quand on quitte les Rolling Stones, visiblement. 

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